Dr Dee

Damon Albarn

Paru le 07/05/2012 chez Parlophone UK
Artistes principaux : Damon Albarn
Genre : Pop

Disponible en

24-Bit/44.1 kHz Stereo

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Cherchez Damon Albarn ici, vous le trouverez ailleurs, et parfois même...loin ! Son album de saison n’est pas british pop à la Blur, british rock à la The Good The Bad and The Queen, urbain planétaire à la Gorillaz... Pas plus qu’il n’est le fruit d’une collaboration afrobeat avec des musiciens maliens ou avec Tony Allen. Dr Dee, au sein de la discographie pléthorique et versatile du brillant artiste, est à ranger dans le tiroir musiques de théâtre et de film, comédies musicales et autres billevesées. Dr Dee est donc qualifié d’opéra, et consacré à la vie du médecin et conseiller scientifique d’Elizabeth I, John Dee (1527-1608).

Autant dire que les aficionados du petit génie virevoltant de la pop moderne risquent d’être un brin déconcertés par l’aridité du propos, l’instrumentation baroque, les arias dépouillés, le sérieux du propos. Créé au Festival International de Manchester, chanté alternativement par Albarn et des interprètes d’opéra, Dr Dee est un long (18 titres) récitatif habillé de clavecins et autres violes de gambe. Et bien sûr totalement étranger à la notion de « beat ». En parfait « Homme de la Renaissance » d’aujourd’hui, Albarn a trouvé en ce médecin, alchimiste, mathématicien une figure de la quintessence britannique, dont il narre le parcours, en s’appuyant sur une bédé qui lui fut consacrée, et en prenant visiblement un plaisir non dissimulé à composer pour un orchestre symphonique, mais sans tomber dans le piège de la redondance et de la pompe, familier aux rockers qui se piquent de ce genre d’écart.

Ce post folk brumeux, ces airs lents et nostalgiques, ces sonorités boisées, cette atmosphère pastorale, ces voix de soprano sont un territoire a priori étranger aux consommateurs de musiques électriques. Le discours est plus franchement folk quand Albarn chante lui-même, et plus ésotérique quand c’est au tour de l’orchestre et des voix classiques de s’exprimer, mais le tout s’enchaîne sans accident et provoque une sorte de torpeur agréable et intéressante. Collaborateurs et amis, le batteur Tony Allen et le joueur de kora Mamadou Diabaté suggèrent leurs polyrythmies sur « 9 Point Star » et « Preparation », tandis qu’un morceau comme « Edward Kelley » avec son discours repiqué sur un vinyle craquant et son chœur féminin aérien est d’une étrangeté totale.

Lent voyage aux confins de la musique populaire, Dr Dee, An English Opera continue de solidifier une discographie unique en son genre, celle d’un créateur de premier plan, qu’on peut suivre les yeux fermés. Et les oreilles ouvertes.

©Copyright Music Story 2015

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