Danse Avec Moi

Chronique

L’édition originale du premier album de Bijou portait un sticker sur lequel figurait la mention : Sur ce disque, le premier groupe punk français interprète « C’est un animal ». Ce qui en dit long sur l’état de confusion mentale dans lequel se trouvait, en pleine déferlante outre Manche des Sex Pistols, et autres The Clash, le commerce du disque de notre pays. On a en effet compris depuis que le trio n’avait pas grand-chose à voir avec la musique punk, fort l’énergie électrique.



Danse Avec Moi constitue en fait un pari, inouï pour l’époque, que les années ont fini par réhabiliter. A une époque où les groupes hexagonaux s’interrogent en effet doctement sur la nécessité de mal chanter en anglais de lavabo des mélodies calquées sur leurs collègues britanniques, le trio impose en français dans le texte onze chansons (et un instrumental) d’amour, d’urgence et de frustration.



D’un hommage primesautier à la personnalité ambiguë de la chanteuse « Marie France », à l’expression d’une sensualité explicite (« C’est un animal »), en passant par l’immédiateté d’un riff implacable (« Comme tu es belle »), les Parisiens, ne dédaignant pas la romance avec le refrain de « C’est encore l’automne », offrent l’une des bonnes surprises de l’année soixante-dix-sept, comme un saut à pieds joints dans le plat des convenances.



Pour ce qui concerne les reprises, l’exhumation de « La fille du Père Noël » du sarcastique et surréaliste duo Jacques Dutronc et Jacques Lanzmann, sera unanimement saluée. Quant à « Où va-t’elle ? », empruntée au répertoire du grand frère Ronnie Bird, elle précise définitivement les contours des racines, et du propos.



Un album qui, contre toutes attentes, a merveilleusement bien vieilli.



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