Chicago: VI Decades Live (This Is What We Do)

Chicago

Paru le 06/04/2018 chez Rhino
Artistes principaux : Chicago
Genre : Rock

Disponible en

24-Bit/44.1 kHz Stereo

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Le but initial de cette imposante compilation devait être simplement de libérer enfin l’enregistrement de l’un des plus importants concerts de l’histoire de Chicago, pour ne pas dire du rock tout court, même si l’on a surtout retenu le nom des autres têtes d’affiche de l’événement : Jimi Hendrix, les Who, Jethro Tull ou les Doors… Il s’agit bien évidemment du mythique festival de l’Île de Wight, où le groupe de Chicago s’était produit le 28 juillet 1970. Quasiment tous les artistes présents ont depuis commercialisé un Live at the Isle of Wight, mais le sien manquait encore à l’appel. C’était d’autant plus regrettable que sa performance avait été remarquable, malgré les conditions apocalyptiques. La preuve est donc sur les deux premiers CD de ce VI Decades Live (This Is What We Do). Robert Lamm (chant, claviers), Terry Kath (chant, guitare), Peter Cetera (chant, basse), Danny Seraphine (batterie), Lee Loughnane (trumpet), James Pankow (trombone) et Walter Parazaider (saxophone, clarinette, flûte…) y paraissent en grande forme, d’où une prestation qui allie la rigueur instrumentale à la puissance. À cette époque, le groupe n’avait rien à envier à ses concurrents et néanmoins amis de Chicago, Earth, Wind & Fire, lesquels n’avaient pas encore sorti son premier album, Ides Of March, ou même à son seul vrai rival, de New York, Blood, Sweat & Tears. Même avec ses cuivres qui évoquaient plus ce qu’écoutaient les anciens, donc ceux qui avaient précédé la première génération rock’n’roll, Chicago savait faire parler la poudre, d’autant que Kath jouait alors aussi fort que vite. Un digne hommage de plus au talent de ce musicien exceptionnel trop tôt disparu.

Ce concert aurait fait un parfait Chicago XXXVII, avec à la limite quelques titres bonus de la première incursion européenne, comme les trois titres enregistrés à l’Olympia de Paris le 8 décembre 1969 présents ici. Mais quelqu’un chez Rhino, maison sérieuse s’il en est, a eu la riche idée de rappeler que le groupe était encore en exercice et qu’il célébrait sa sixième décennie à « faire son job » sur scène. Probablement un jeune stagiaire. Les variations dans la qualité du son et dans la prestation des musiciens se font sentir curieusement plus on avance dans le temps. On ne manquera pas de s’étonner que le seul titre où le groupe est dans son fief, au Chicago Stadium, le 13 juillet 1973, semble avoir été enregistré depuis les loges. Même l’immortel If You Leave Me now, énorme succès à l’époque, est présenté ici dans une version frisant l’amateurisme, surtout au niveau du chant. On pourrait croire à une rancune tenace envers Cetera de la part des autres membres qui n’ont jamais digéré son départ en 1985, alors que Chicago connaissait une nouvelle embellie, notamment grâce à lui. Pas plus qu’ils n’ont apprécié qu’il les plante à la dernière minute lors de la cérémonie du Rock and Roll Hall of Fame en 2016. Il semble que ce titre et le suivant, Takin’ It on Uptown, aient surtout été retenus pour marquer la toute dernière apparition sur scène de Terry Kath, au Coliseum d’Oakland le 1er décembre 1977, avant sa mort accidentelle le 23 janvier 1978.

Si l’objectif était de rappeler que Chicago est plus que méritant de continuer à assurer dignement sur scène depuis 1967, la répartition chronologique laisse précisément penser le contraire. Les deux premières décennies sont couvertes par 21 morceaux, alors que les quatre suivantes se tassent sur le CD 4 avec deux titres pour les années 80 – en 1987, donc post Cetera, même si l’un est un medley de quatre titres –, quatre pour les années 90 et deux pour le nouveau millénaire. Pour un meilleur aperçu, on se référera donc aux nombreux autres live du groupe.

Une initiative sympathique aurait été de proposer à Qobuz la version audio du concert au Rockpalast du 12 février 1977, disponible en DVD sur le coffret. D’autant qu’elle propose une version rare du Got to Get You Into My Life des Beatles qui a été, de leur propre aveu, essentiel dans la genèse de Chicago. Comme dans celle de Blood, Sweat & Tears et Earth, Wind & Fire qui ont régulièrement interprété cette chanson éminemment « cuivrée ». © Jean-Pierre Sabouret/Qobuz

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Introduction (Live at the Isle of Wight Festival 8/28/70)