Bettina Wegner

Chanteuse et compositrice allemande, Bettina Wegner voit le jour à Berlin-Ouest, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le 4 novembre 1947. Après la création de la République démocratique d’Allemagne, sa famille, foncièrement communiste, s’installe à l’Est, mais elle-même fera le chemin inverse lorsque ses chansons, très critiques, susciteront la polémique et conduiront à son expulsion vers l’Allemagne de l’Ouest en 1983. Elle ne se lance pas tout de suite dans la musique, mais embrasse la carrière de libraire, avant de prendre des cours d’arts dramatiques et de lancer un club-hootenanny, à l’image de la tradition américaine de scènes ouvertes à tout artiste qui souhaite monter sur scène, sans crainte de la censure. Mais l’établissement est rapidement repris en main pour des raisons politiques. Opposée à l’intervention des États du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie, elle commence à écrire et diffuser des pamphlets qui mèneront à son arrestation. Elle passera près d’un an et demi en prison. Après une période de probation durant laquelle elle doit travailler en usine, elle peut enfin poursuivre sa carrière de musicienne, tout en reprenant ses études. Mais elle n’en a pas fini avec les pressions, notamment de la Stasi qui l’espionne. Elle doit même régulièrement se produire incognito, son manager étant producteur d’un autre groupe, il annonce celui-ci avec « une chanteuse » en invité, pour ne pas attirer l’attention des autorités. Elle s’appuie ainsi sur le bouche-à-oreilles pour continuer à exercer son métier. En 1978, c’est le tournant pour elle : une émission de télévision connue en Allemagne de l’Ouest évoque la chanteuse, provoquant un vif intérêt et lui permettant de publier ses disques de ce côté du mur. Les autorités, l’empêchant d’exercer son travail dans son pays, lui permettent toutefois de voyager et de se rendre dans la partie Ouest, mais c’est pour mieux l’accuser de divers délits ensuite. La RDA lui laisse donc le choix d’aller en prison ou d’être privée de ses droits. Bettina Wegner décide donc de s’installer à Berlin-Ouest. Son mal du pays et la perte de ses idéaux communistes deviendront dès lors centraux dans son œuvre au cours des années 1980. Elle obtient une reconnaissance internationale, du public et de ses pairs, se produisant par exemple avec Joan Baez ou Angelo Branduardi. À partir de 1992, elle se produit avec le groupe L’art du Passage et collabore régulièrement avec Karsten Troyke. Elle fait ses adieux en 2007 après trente ans de carrière.