The Danger of Light

Chronique

Enregistré en cinq jours à Los Angeles après une audition parisienne devant le producteur Adam Samuels, The Danger of Light marque une nouvelle étape internationale pour Sophie Hunger, dont les albums précédents avaient soufflé certains membres de la critique internationale, du Guardian à Rolling Stone.

Celui-ci est double, et doublement bon, est-il tentant d'ajouter à l'écoute du déboulonnant morceau d'ouverture « Rererevolution », entrée en matière vertigineuse de jazz très free en folk écorché. Dans cette chute libre qui n'a pour filet que la guitare de Josh Klinghoffer, fraîche recrue des Red Hot Chili Peppers, la trompette et le piano de Nathaniel Walcott et les peaux rebondissantes de Steven Nistor, la Suissesse s'abandonne en toute confiance pour se consacrer à son songwriting et à sa façon abrupte de plaquer ses mots sur les sonorités douces (« LikeLikeLike ») ou revêches (« Souldier ») de sa garde rapprochée du moment.

La révélation devenue grande s'attaque à l'Amérique, non pas avec l'artillerie lourde de rigueur, mais une cavalerie légère et dispersée, bohême et effrontée. Les stades devront attendre avant d'accueillir celle à qui rien ne fait peur et ose reprendre à sa façon anguleuse « Ne me quitte pas », en bonus et fin de bataille. Entre temps, combien de précipices franchis avec superbe (les miaulements de « Heharun », le rap ternaire de « Holy Hells ») et de complaintes à coeur ouvert et gorge déployée envoyées par cette émule de Jeff Buckley dans une remontée à contre-courant vers le père. A-t-on jamais entendu une ballade jazz déclamée en allemand remuer le ventre (« Das Neue » ou « Z'Lied vor Freiheitstatue ») ? Telle n'est pas la moindre prouesse de l'étonnante Suissesse qui, en trois albums, fait plus de chemin que dans les discographies complètes de ses prétendues consoeurs ronfleuses Feist ou Cat Power.

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