Pettersson: Symphony No. 8

Chronique

Une musique plutôt tonale mais souvent ardue, polyphonique en diable, féroce, sérieuse et violente – mais parfois teintée de déchirants moments d’intense lyrisme ou même, comme chez Mahler, de délirantes incursions de sonorités quasiment populaires : l’aimable lecteur l’aura deviné, on parle ici du compositeur suédois Allan Pettersson (1911-1980), qui passa une moitié de sa vie comme altiste – en particulier à l’Orchestre royal de Stockholm ; il avait étudié quelques temps à Paris avec Maurice Vieux – puis, à partir de 1952, comme compositeur harcelé de problèmes de santé toujours plus catastrophiques. Ses premières études de composition se déroulèrent en Suède, mais c’est surtout à Paris sous la houlette de Honegger et de Leibowitz qu’il fit ses armes dans le monde international, assimilant l’art de la polyphonie de l’un (qu’il développera jusqu’à l’extrême) et le dodécaphonisme de l’autre (sans jamais s’y adonner vraiment). La sombre, sinistre, terrible, éprouvante Huitième Symphonie fut achevée en 1969 mais créée seulement trois ans plus tard – par Antal Doráti et l’Orchestre de Stockholm, excusez du peu, mais le malheureux Pettersson était déjà trop paralysé par sa polyarthrite rhumatoïde pour pouvoir même assister à l’événement… Doráti qui s’était d’ailleurs fait le champion de la musique de Pettersson – il existe l’enregistrement de la 7è par le chef hongrois lui-même chez Swedish Society, sans doute le plus extraordinaire enregistrement d’une symphonie de Pettersson. Le présent enregistrement, réalisé en public dans la belle ancienne salle de concerts de Hambourg en 1994, est signé de Gerd Albrecht à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Hambourg, une lecture ample qui rend pleinement justice à la complexité de la partition. © SM/Qobuz