Me and Ennui Are Friends, Baby

Chronique

À l’image de la pochette de cet album, Mary Sarah Chadwick, née en Nouvelle-Zélande mais vivant aujourd’hui à Melbourne, Australie, ne fait pas dans la demi-mesure, et son côté cru dénote dans une production actuelle bien sage et policée. Radicale, elle choisi pour ces nouvelles chansons d’accompagner sa voix d’un simple piano minimal. Me & Ennui Are Friends, Baby vient parachever une trilogie ayant débutée avec The Queen Who Stole the Sky sur lequel elle jouait sur le grand orgue du Melbourne Town Hall accompagnée alors d’un groupe, les Please Daddy. L’artiste explique que chacun de ses albums prend ses racines dans un traumatisme vécu, comme une tentative de catharsis, d’exorciser ses propres démons et mésaventures. Le dénuement de ce nouvel album fait écho aux déboires amoureux et à une rupture survenue en 2019 suivie de la disparition de son père et d’un ami cher. Autant d’évènements tragiques qui ont poussé Sarah Mary dans le tourment et la dépression jusqu’au point de non retour : la chanteuse a ainsi voulu mettre fin à ses jours… Une tentative de suicide quelques semaines avant de rentrer en studio pour enregistrer cet album a forcément marqué un point de départ, et est devenu en quelque sorte le sujet de ces nouvelles compositions. Seule, face à son piano et ses mots, Sarah Mary Chadwick lutte ainsi contre la mort et le désespoir, en tentant de retrouver le chemin de sa liberté… Des moments poignants ponctués d’un humour noir singulier, ces douze morceaux témoignent chacun des errances, des doutes et des mensonges que l’on peut se faire à soi-même tout au long de la quête pour tenter d’approcher non pas la vérité mais sa vérité, et à travers elle sa propre identité, un autoportrait à un instant T. Rejoignant là la sensibilité d’un club assez rare auquel appartient déjà feu Elliott Smith, PJ Harvey ou encore Cat Power. © Yan Céh / Qobuz