Haydn: The Last Three String Quartets

Chronique

Ce bel album du Quatuor Pražák, enregistré à Prague en 2020, est dédié à Pierre-Emile Barbier, cet inlassable découvreur de talent passionné de musique disparu en 2018 qui avait fondé le label Praga pour permettre la publication des riches enregistrements des radios tchèques. L’hommage est à la hauteur de ce personnage hors du commun qui aurait sans doute adoré cette lumineuse interprétation des trois derniers quatuors de Haydn, à savoir les Opus 77 pour les deux premiers et l’Opus 103 pour le dernier, laissé inachevé par Haydn déjà au bout de ses forces (1803).

Composés après la parution des six Quatuors Op. 18 de son élève Beethoven, ces trois ultimes partitions (l’ensemble devait en fait en comporter six comme il était de coutume à cette époque) illustrent une dernière fois la verve mélodique et l’architecture impeccable de Haydn dans un mélange de rigueur et de liberté, comme une véritable « organisation du délire » selon le musicologue Marc Vignal. Haydn n’a achevé que les deux premiers mouvements de l’Opus 103, concluant sans le vouloir sa vaste carrière de créateur par ce menuet en ré mineur tourmenté et chromatique « aussi neuf qu’une page de Schubert ou de Brahms ». Haydn a toujours retardé la publication de cet ultime quatuor, persuadé de pouvoir lui donner un jour un point final avant qu’une aphasie totale lui interdise de réaliser son vœu… © François Hudry/Qobuz