Have a Little Faith

Chronique

Have a Little Faith s’avère le disque le plus élaboré des BellRays – ils ont, de leur propre aveu, passé plus de temps en studio sur celui-ci que sur tous les précédents réunis – et un changement de cap dans leur musique.



Comme à leurs débuts (sur In the Light of the Sun), ils saupoudrent leur son de saxophones et de trompettes, mais cette fois-ci, ils lorgnent davantage vers le rhythm'n'blues et le monde noir en général, les percussions tribales – apport du batteur Craig Waters – étant à l'honneur dans « Pay the Cobra » ou « Lost Disciples », par exemple. Plus propre, le son s'est policé et l’on reconnaît parfois moins facilement le groupe, qui a pris des risques, tout en cherchant plus ouvertement le succès commercial – ce que personne n'ira lui reprocher.



Dans la première chanson, la très belle « Tell the Lie », le son de la pédale wah-wah se marie bien à celui des cuivres, tout comme dans le beau « Have a Little Faith » (qui aurait vraiment mérité d'être un hit). La reprise marrante des « Cornichons » de Nino Ferrer, qui est à l'origine une adaptation de « Big Nick » (un instrumental du compositeur noir américain James Booker), prouve bel et bien que Lisa Kekaula pourrait chanter le bottin (ou plutôt ici une liste de commissions) et en faire quelque chose de génial. La basse de Bob Vennum, le grand binoclard aux allures d'éternel étudiant, est plus proéminente et évoque souvent celle de James Jamerson, des productions Motown. Un piano (assuré par Tony Fate) et une guitare acoustique s'incrustent aussi, comme dans « I've Been Searchin' », qui perpétue la tradition de leurs interludes.



Le résultat (distribué sur un label français) mérite encore largement l'acquisition, mais on ne peut s'empêcher de se dire que comme sur chacun de leurs disques, il manque décidément quelque chose au son des BellRays, qui sont en fait passés à côté de leur but ici. De très peu.



Et en plus, c'est peu après ce disque que Tony Fate choisit de tirer sa révérence... Difficile de dire ce que le groupe a pu perdre (ou, sait-on jamais, gagner) avec son départ, mais nul doute qu'un jour, les BellRays auront un album studio digne de leur talent.





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