Gade & Grieg: Streichquartette

Chronique

À n’écouter obstinément que les quatuors de Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Chostakovitch ou encore Bartók pour les plus aventureux et cérébraux des mélomanes, on en oublierait presque que des kyrielles d’autres compositeurs ont aussi abordé ce genre-roi de la musique de chambre. Des célèbres, d’autres plus négligés, comme par exemple le Danois Niels Gade dont voici, par le Quatuor à cordes de Leipzig, le très nordique Quatuor en fa majeur de 1840 – le troisième et dernier mouvement, une Serenata scherzando, avait été laissé inachevé, mais Axel Steurich l’a terminé d’après les nombreux brouillons disponibles. C’est, en vérité, le tout premier enregistrement de l’ouvrage dans cette forme terminée… comme quoi il existe encore de superbes inédits au disque ! Gade illustre ici le poème Willkommen und Abschied (« Bienvenue et adieu ») de Goethe, dont il a l’audace de renverser l’ordre puisque le scherzando représente le Willkommen, la bienvenue. Quant à Grieg, on peut ici entendre son Quatuor n° 1 (qui est en réalité le n° 2, mais l’initial premier est un travail de jeunesse désormais perdu). Il s’agit là d’un ouvrage de maturité, écrit en 1879, d’une profondeur romantique qui n’échappera à personne ; le dernier mouvement comporte le thème-signature de Grieg que l’on retrouve dans bien d’autres de ses œuvres, sous diverses formes à peine modifiées. À découvrir donc, ces deux quatuors majeurs du répertoire nordique. © SM/Qobuz