Chadwick: Symphonic Sketches/MacDowell: Suite for Large Orchestra/Sinfonia in G

Chronique

George Whitefield Chadwick (1854-1931) et Edward MacDowell (1860-1908) furent deux compositeurs états-uniens de l’époque romantique tardive, de la mouvance « Seconde école de la Nouvelle Angleterre », la première école rassemblant des musiciens religieux du XVIIIe siècle : Seconde école, ou encore les « Boston Six » dont l’un des plus célèbres, outre nos deux comparses, fut Horatio Parker. On est donc une bonne génération avant Charles Ives, mais aussi à des années-lumière du modernisme de ce dernier ; car Chadwick et MacDowell restèrent dans un langage tonal, classique, empreint de formes traditionnelles, même s’ils n’hésitèrent pas à incorporer dans leurs orchestrations les instruments les plus modernes. Chadwick, dont on entend ici les Symphonic Sketches écrits entre 1895 et 1904, trahissent l’influence européenne d’une part – le compositeur a longtemps vécu en Allemagne puis en France, en particulier dans les sphères dites « impressionnistes » parisiennes – mais aussi une volonté de développer un style mélodique plus spécifiquement nord-américain… hérité de Dvořák ! Cela dit, son ouvrage a clairement inspiré les épigones hollywoodiens des années quarante, preuve qu’il avait vu juste. MacDowell, états-unien de naissance mais longtemps parisien d’adoption, a lui aussi accepté les influences croisées de la vieille Europe et du nouveau langage nord-américain ; ses deux concertos pour piano font encore partie du répertoire, mais sa magnifique Suite n°1 pour grand orchestre mériterait de ressortir des cartons : le Dukas de L’Apprenti n’est pas toujours loin, en particulier dans la richissime orchestration, mais quel modèle de choix ! Cet album, magistralement dirigé par Howard Hanson à la tête de l’alors excellent Eastman Rochester Orchestra – l’orchestre-maison du Conservatoire Eastman, fondé et sponsorisé par le créateur de Kodak –, s’achève avec un bien rare moment de musique états-unienne de l’époque classique : une Sinfonia de Johann Friedrich Peter (1746-1813), un contemporain, disons, de Boccherini, installé en Amérique du Nord dès l’âge de vingt ans, et donc l’un des premiers véritables musiciens du pays. Enregistrements stéréo – faut-il rappeler que l’on a ici affaire à une réédition, soigneusement remastérisée, des splendides réalisations du label Mercury, un pionnier visionnaire dans l’art de la prise de son dès les années cinquante – de janvier 1956 (Chadwick), juillet 1961 (MacDowell) et mai 1957 (Peter). © SM/Qobuz