Beethoven, Herzogenberg & Dohnányi: String Trios

Chronique

Non, le trio à cordes n’est pas un quatuor dont il manque le second violon ! S’il est vrai que pendant des décennies, l’effectif ne semble pas avoir attiré les foules de compositeurs, malgré l’illustrissime précédent de Beethoven (et quelques grandes œuvres de Mozart, quand même !). Il fallut attendre qu’au début du XXe siècle, Dohnányi et Reger rouvrent la voie pour qu’enfin s’y engouffrent Webern, Schönberg, Wellesz, Hindemith, Martinů, Milhaud, Françaix et tant d’autres. Le Trio Aleksić, composé de la fratrie Aleksa, Nadežda et Ana, venu de Serbie mais dorénavant basé en Autriche, d’où il rayonne à travers l’Europe, a choisi un Trio de Beethoven (qui en a écrit cinq), en l’occurrence l’Op. 9 No. 1 de 1798, le plus vigoureux et le plus symphonique des trois trios qui forment l’Op. 9. Suit une œuvre du très-oublié Heinrich von Herzogenberg (1843-1900), un descendant d’émigré français de la Révolution – sa famille d’origine étant Picot de Peccaduc –, ami proche de Brahms, ce qui s’entend parfois, parfois pas du tout car Herzogenberg tire volontiers vers des langages plus légers, plus transparents, ce que le format du trio à cordes permet de la manière la plus royale qui soit. Un ouvrage et un compositeur à découvrir ! Le présent album se termine avec la Sérénade de Dohnányi, un chef-d’œuvre de joie daté 1902, romantique autant que moderniste, classique autant que magyar – magyar certes, mais loin du folklorisme « direct » de Bartók et Kodály. Dohnányi préfère s’inspirer de tournures et éviter avec élégance tout en « y étant » sans en avoir l’air : cinq irrésistibles mouvements qui placent le compositeur dans la cour des grands chambristes de leur époque. © SM/Qobuz