Voice Of Ages

Chronique

Le concept qui sous-tend l’entièreté de la carrière de The Chieftains est d’une simplicité à faire pâlir : pour ces musiciens emblématiques (groupe le plus célèbre de leur pays), toute la musique américaine plonge ses racines dans la tradition irlandaise importée par les immigrants. Le caractère réducteur de cette approche, comme toute vision passionnée, ne doit pas occulter qu’avec Voices of Ages, l’ensemble célèbre son demi-siècle d’existence. Une longévité qui permet d’accorder quelque crédit à l’axiome ci-dessus.



Pour le compte des festivités de cet anniversaire donc, The Chieftains se cantonnent – certaines expériences passées ont été en la matière particulièrement couronnées de succès – au rôle de groupe d’accompagnement, accueillant en front de scène une noria d’artistes renommés des deux côtés de l’Atlantique. Sachant que ces papys font de la résistance en matière de préséance, n’hésitant pas, par la luxuriance de leur instrumentation, à rappeler à chaque refrain qu’ici, et comme de toute éternité, les vedettes ce sont eux. Néanmoins, les producteurs Paddy Moloney (il est fondateur du groupe et joueur de cornemuse irlandaise, aussi) et T. Bone Burnett – souverain de l’Americana - ont fait appel à rien moins que les Carolina Chocolate Drops, groupe de Caroline du Nord faussement passéiste mais vraiment talentueux, Justin Vernon alias Bon Iver, Carlos Núñez, l’un des spécialistes les plus renommés au monde de la cornemuse, et...galicien, ou Paolo Nutini, comme son nom ne l’indique pas chanteur de pop écossais.

Naturellement, tout le monde ne se sort pas à parité de ce programme de rafraîchissement de l’indie folk, dans lequel les harmonies vocales sont particulièrement bien mises en valeur. Toutefois, l’émotion est palpable lorsque dans « The Chieftains Reunion », Paddy Moloney retrouve, pour un pot-pourri de plus de onze minutes, le flûtiste Michael Tubridy et Sean Potts, spécialiste de la flûte irlandaise, autant dire ceux qui sont encore en vie de la première formation de The Chieftains.

Mais le rendez-vous le plus important et inédit reste incontestablement la rencontre avec Catherine Cady Coleman, joueuse de flûte, fan de Jethro Tull et de The Chieftains, et, accessoirement, astronaute de la NASA. Lors de son séjour au-dessus de nos têtes à bord de la station spatiale internationale durant près de cent-soixante jours en 2011, Coleman emporta à bord divers instruments, dont une flûte offerte par Moloney. Elle en joua via les satellites de communication, et c’est sa partie que l’on peut entendre dans « The Chieftains in Orbit ». Preuve, si besoin était, que les artistes chenus des Chieftains restent parfaitement susceptibles, malgré l’outrage des ans, de s’envoyer en l’air. Et nous avec.

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