Unspoken Words

Chronique

Une plongée dans le cerveau de Max Cooper. C’est le concept du cinquième album de l’artiste britannique, qui propose un nouveau projet audiovisuel après Yearning for the Infinite en 2019, développé pour le Barbican Centre de Londres. Ce Unspoken Words trouve son origine dans 13 petits films confectionnés par Nick Cobby, l’homme qui réalise ses clips depuis des années, et le photographe Andrey Prokhorov, propriétaire d’une vaste photothèque d’images du monde entier. Des films qui ont servi de base à l’inspiration de Cooper, qui a composé un disque sur les limitations du langage, avec en tête le travail du philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein, qui a exposé dans ses écrits l’imperfection du langage, concluant que “ce dont on ne peut parler, il faut le taire”.

C’est donc l’indicible qui est exprimé sur cet album particulièrement éclectique, avec la chanteuse californienne Kotomi qui prête ses vocalises diaphanes sur deux titres, Inanimate to Animate et A Model of Reality, une sorte de pop song déstructurée dans l’éther, tandis que l’ambient domine une poignée de titres plus contemplatifs comme Ascent, superposition de drones qui sort de terre avant d’éclater comme une lumière aveuglante. Mais le cerveau de Cooper a aussi besoin de gesticuler sur un dancefloor, avec les breakbeats à la Bicep de Spectrum, un titre à la fois joyeux et mélancolique, un genre d’émotion qui n’a pas de nom et qui justifie à elle seule le concept de l’album le plus intuitif de Max Cooper. © Smaël Bouaici/Qobuz