Tout ce qui brûle

Chronique

Il n’y a pas un élément de la musique de Hyacinthe qui le rapproche d’un autre rappeur. La singularité de cet artiste français que l’on voit toujours évoluer sur la brèche n’est plus à démontrer. Peut-être est-elle encore plus exacerbée sur ce neuf titres, Tout ce qui brûle, qui manie avec rigueur les codes du rap français tout en les détournant. Hyacinthe centre ce projet autour de la figure du père, comme sur le titre Papaoutai 2, sur lequel il explore l’impact de son paternel sur sa vie, l’imprégnation d’une masculinité toxique et ravageuse, et met les deux pieds dans le plat de l’enfance. Le rappeur balaie ici toute légèreté, se répand en idées suicidaires pour mieux rappeler qu’il s’est sorti plusieurs fois des méandres. Il avoue qu’il « ne tourne pas rond », que les « pulsions de mort » côtoient la « fureur de vivre ». Pourtant, il n’appelle en rien à brûler la vie par les deux bouts. Hyacinthe n’a que faire des conseils ou des morales. Il dépeint froidement ses ressorts intimes les plus difficiles à exprimer et livre par la même occasion l’une des meilleures sorties de sa carrière. © Brice Miclet/Qobuz