Tokyo

Chronique

Joke vient de Montpellier (Hérault) et veut que ça se sache. Il ouvre la plupart de ses titres avec l'acronyme MTP qui symbolise cette appartenance. Plus qu'une dimension régionale, c'est une dimension personnelle que Joke dévoile avec ce deuxième EP à la consistance d'un album. Le jeune homme sage qui a un Bac S au lieu du casier judiciaire tant prisé de nombreux rappeurs, évolue dans un style electro cool plutôt rare en France.

Influencé par Kanye West, il adopte volontiers le flow fluide de ce dernier pour enfiler les mots et les idées avec une habileté déconcertante. A tel point que ses punchlines élastiques ont encore souvent l'apparence des freestyles qu'il affectionne. Il faut tendre l'oreille et faire preuve de souplesse mentale pour suivre Joke dans ses circonvolutions linguistiques, dont le thème central n'est souvent pas évident.

Ainsi « Tolyo Narita » et « Harajuku » ne parlent t'ils pas du Japon qui semble fasciner Joke (son premier EP s'intitulait Kyoto en 2012), ils sont constitués comme l'ensemble de ses titres de suites d'idées et de mots à la gymnastique bien huilée. Le charme de Joke est là, en rappeur facétieux qui ne se laisse pas enfermer dans les schémas. S'il aborde le rap de gangster sur « 501 Lunettes Cartier », c'est toujours à l'aide de ces collages d'idées qui évitent d'aborder les clichés de front. S'il était footballeur au MHSC (Montpellier Hérault Sport Club, le club de sa ville), Joke serait l'un de ces dribbleurs au crochet sinueux qui rendent chèvre leur vis à vis et béats les spectateurs.

Ajoutons à cette maîtrise du verbe, un soin apporté à des beats electro doux non dénués de classe, et l'on peut conclure que Joke a plus d'un tour dans son sac à malices. 

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