Smiler

Chronique

Difficile à croire, mais à sa sortie, ce Smiler fut considéré par la critique comme très faible, en tout cas comme le moins bon parmi les premiers albums de Stewart, ceux de sa « période anglaise », d’avant l’exil aux States. C’est dire alors si tous les autres sont exceptionnels, car bien des artistes de l’époque auraient donné cher pour en faire un comme celui-ci.

Que peut-on d'ailleurs lui reprocher, au juste ? Trop de cuivres ? Trop de cordes ? Même pas, ces arrangements convenant très bien à Rod et à ses chansons et faisant souvent penser aux Rolling Stones d'Exile On Main Street, ce qui n'est pas le plus anodin des compliments.

Ça commence avec un toutou qui aboie, et une caravane de rockers qui passe : les copains musicos, dont les Faces, sont encore présents, sauf Ronnie Lane, Ron Wood se chargeant de la basse (où il excelle) en plus des guitares, toutes somptueuses. Sur Smiler, le dosage que concocte l’Ecossais est encore impeccable, des rocks basiques comme le « Sweet Little Rock N’ Roller » de Chuck Berry ou l’excellent « Let Me Be Your Car » d’Elton John (qui y joue du piano) faisant ménage avec des ballades comme un medley de deux titres de Sam Cooke, « Bring It On Home To Me/You Send Me » ou « You Make Me Feel Like A Natural Man », version au masculin d’un tube des Shirelles et d’Aretha Franklin signé Carole King.

Comme sur le Long Player des Faces, Rod reprend aussi Paul McCartney en solo, avec « Mine For Me » et ça marche du feu de Dieu. Si Atlantic Crossing était quand même encore un bon album, personne de sensé ne peut le choisir au détriment de celui-ci, le dernier où Rod Stewart a à ses côtés son frère de sang Ronnie, qui ira rejoindre les Rolling Stones et le laissera bien seul. Riche, mais seul. Et là, il n'y a pas de quoi rire, et encore moins sourire.

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