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Miles Davis|Sketches of Spain  (The Mono Recordings - Original Album 1960)

Sketches of Spain (The Mono Recordings - Original Album 1960)

Miles Davis, Gil Evans

Disponible en
16-Bit/44.1 kHz Stereo

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La collaboration fructueuse entre Miles Davis et Gil Evans ne date pas de cet album: auparavant déjà, les deux créateurs avaient réalisé Miles Ahead et Porgy And Bess, sans parler de The Birth Of The Cool. Sketches Of Spain sort en 1960. Il comporte cinq plages qui rendent hommage aux musiques traditionnelles espagnoles, notamment au flamenco, à Manuel De Falla et Joaquim Rodrigo. Le concerto de Aranjuez, composé par ce dernier, ouvre l’album. Une longue méditation musicale de plus de seize minutes, dont le thème va servir de prétexte à Miles Davis pour improviser.

Sa manière de jouer restitue totalement une ambiance propre aux sonorités de la musique espagnole : son phrasé et le timbre de sa trompette sont inédits pour qui a jusqu’alors écouté Miles Davis. En vue de la préparation des séances studio, il s’est imprégné des styles musicaux que l’on trouve en Espagne. L’idée de reprendre le concerto d’Aranjuez lui est venu en écoutant une version pour guitare chez un ami. Le thème l’a tellement obsédé qu’il n’a pu résisté à le proposer à Gil Evans pour qu’il en fasse un arrangement spécifique. Gil Evans va en effet réécrire pour lui le concerto en y ajoutant une section centrale supplémentaire. Et des castagnettes. C’est le premier instrument que l’on entend ; puis un trio de trompettes, trombones et flûtes se partage l’espace musical, entrecoupé d’un tambour de basque, pour finalement tapisser les accords sur lesquels Miles Davis va faire résonner le thème principal.

Progressivement le trompettiste prend les improvisations en charge ; celles-ci sont ponctuées par de savantes orchestrations qui parfois reprennent des fragments du thème. Un climat rythmique jazz émerge ; puis une accalmie permet à Miles Davis de rejouer le thème et de dialoguer avec différents instruments. Une ponctuation rythmique ternaire fait office de rupture pour amorcer un nouveau tableau sonore. La basse fait entendre une boucle ostinato sur laquelle il improvise de manière modale. Puis le calme revient. Les arrangements de Gil Evans fournissent de multiples combinaisons propices à évoquer des images et couleurs à partir desquelles Miles Davis peut trouver l’inspiration, comme lorsque  le thème principal est ré-exposé crescendo, pour à nouveau s’assagir et s’acheminer vers la fin.

« Will o’The Wisp » est une pièce relativement lente et brève, à trois temps, adaptée d’une composition pour un ballet de Manuel De Falla : «  El Amor Brujo ». Le morceau est lancinant, hypnotique. « The Pan Piper » a les mêmes caractéristiques. Il commence sans tempo défini pour installer insidieusement une écoute répétitive et obsédante, une sorte de pesanteur contre laquelle l’auditeur ne peut rien. Cette impression de léthargie que la musique donne à entendre pousse à un abandon, à une lente descente au cœur du son et de ses effets secondaires. L’introduction de « Saeta » fait résonner tambour et musique militaire. Un appel à sortir d’un état comateux pour y voir clair. Mais très vite tout se brouille à nouveau. Le tempo est toujours lent, traînant, imperturbable. Puis, la musique militaire réapparaît. Changement de rythme et fin du morceau. « Solea », comme le début de l’album, ferme l’opus avec une pièce longue. La harpe, jusque-là timide, se fait entendre dans l’introduction qui cesse rapidement. Cette fois le tempo est plus rapide que les pièces précédentes. Miles Davis improvise au milieu des orchestrations de Gil Evans. Le solea est une forme basique du flamenco se rapprochant de l’esprit du blues.

Sketches Of Spain est en réalité l’exemple type d’une utilisation à bon escient des principes d’arrangements provenant de la musique classique symphonique et d’un jazz modal. Le mode phrygien que l’on retrouve dans la plupart des musiques espagnoles est abondamment distillé tout au long du disque. L’époque se prêtait à ce genre de recherches esthétiques. En effet, le jazz des années cinquante fut le terrain d’expérimentations voulant croiser jazz et musique classique occidentale. Cette envie était déjà là au moment de The Birth Of The Cool par l’entrée d’instruments d’orchestres classiques dans l’effectif d’une formation de jazz. Le spectre de Gershwin a régulièrement taraudé les esprits dans la communauté du jazz. Qu’il s’agisse du Modern Jazz Quartet, de la formation de George Russell ou de la complicité musicale de Miles Davis avec Gil Evans, l’ensemble de ces tentatives – souvent cataloguées sous le nom de Troisième Courant - ne pouvait qu’intéresser un Miles Davis toujours soucieux d’innovations et avide de curiosités. Sa pâte sonore, oeuvrant à l’économie et au soin apporté au timbre et nuances, est l’un des traits majeurs de son style de jeu à la trompette.

Comme il le disait lui-même pendant les sessions d’enregistrement, « la mélodie est si prégnante qu’il n’y a rien à ajouter. Si tu essaies de jouer bebop dessus, tu n’as rien compris. Ce que je dois faire ici est de connecter les choses entre elles, les rendre significatives dans les notes que je joue autour d’elles ». L’album Kind Of Blue, enregistré la même année que Sketches Of Spain, se terminait sur une composition de Miles Davis qui en disait long sur ses envies d’Espagne : « Flamenco Sketches ». Une pièce annonciatrice de l’album qui nous occupe ici. La force de Miles Davis est d’avoir su capter et restituer une musique apparemment inhabituelle pour un musicien afro-américain. Le jazzman Charles Mingus fut l’un des premiers à avoir intégré ce genre musical dans ses compositions (cf. le disque Tijuana Moods, sorti trois ans plus tôt, en 1957). Miles Davis, accompagné de Gil Evans, a élargi l’exploration à sa manière. Celle d’un jazz sans frontières. Un jazz hispanisant qui inspirera certains jazzmen, dont Chick Corea et sa célèbre composition « Spain » dont l’introduction reprend également le concerto d’Aranjuez.

©Copyright Music Story 2018

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Sketches of Spain (The Mono Recordings - Original Album 1960)

Miles Davis

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1
Concierto De Aranjuez
00:16:26

Miles Davis, Performer - Gil Evans, Performer - Joaquin Rodrigo, Composer

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2
Will o' the Wisp
00:03:52

Miles Davis, Performer - Gil Evans, Performer - Manuel de Falla, Composer

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3
The Pan Piper
00:03:58

Miles Davis, Performer - Gil Evans, Composer, Performer

2014 Salt-n-Pepper 2014 Salt-n-Pepper

4
Saeta
00:05:12

Miles Davis, Performer - Gil Evans, Composer, Performer

2014 Salt-n-Pepper 2014 Salt-n-Pepper

5
Solea
00:12:17

Miles Davis, Performer - Gil Evans, Composer, Performer

2014 Salt-n-Pepper 2014 Salt-n-Pepper

6
In Your Own Sweet Way (Bonus Track)
00:05:44

Miles Davis, Performer - Dave Brubeck, Composer

2014 Salt-n-Pepper 2014 Salt-n-Pepper

7
The Theme Take 1 (Bonus Track)
00:02:01

Miles Davis, Composer, MainArtist

2014 Salt-n-Pepper 2014 Salt-n-Pepper

Chronique

La collaboration fructueuse entre Miles Davis et Gil Evans ne date pas de cet album: auparavant déjà, les deux créateurs avaient réalisé Miles Ahead et Porgy And Bess, sans parler de The Birth Of The Cool. Sketches Of Spain sort en 1960. Il comporte cinq plages qui rendent hommage aux musiques traditionnelles espagnoles, notamment au flamenco, à Manuel De Falla et Joaquim Rodrigo. Le concerto de Aranjuez, composé par ce dernier, ouvre l’album. Une longue méditation musicale de plus de seize minutes, dont le thème va servir de prétexte à Miles Davis pour improviser.

Sa manière de jouer restitue totalement une ambiance propre aux sonorités de la musique espagnole : son phrasé et le timbre de sa trompette sont inédits pour qui a jusqu’alors écouté Miles Davis. En vue de la préparation des séances studio, il s’est imprégné des styles musicaux que l’on trouve en Espagne. L’idée de reprendre le concerto d’Aranjuez lui est venu en écoutant une version pour guitare chez un ami. Le thème l’a tellement obsédé qu’il n’a pu résisté à le proposer à Gil Evans pour qu’il en fasse un arrangement spécifique. Gil Evans va en effet réécrire pour lui le concerto en y ajoutant une section centrale supplémentaire. Et des castagnettes. C’est le premier instrument que l’on entend ; puis un trio de trompettes, trombones et flûtes se partage l’espace musical, entrecoupé d’un tambour de basque, pour finalement tapisser les accords sur lesquels Miles Davis va faire résonner le thème principal.

Progressivement le trompettiste prend les improvisations en charge ; celles-ci sont ponctuées par de savantes orchestrations qui parfois reprennent des fragments du thème. Un climat rythmique jazz émerge ; puis une accalmie permet à Miles Davis de rejouer le thème et de dialoguer avec différents instruments. Une ponctuation rythmique ternaire fait office de rupture pour amorcer un nouveau tableau sonore. La basse fait entendre une boucle ostinato sur laquelle il improvise de manière modale. Puis le calme revient. Les arrangements de Gil Evans fournissent de multiples combinaisons propices à évoquer des images et couleurs à partir desquelles Miles Davis peut trouver l’inspiration, comme lorsque  le thème principal est ré-exposé crescendo, pour à nouveau s’assagir et s’acheminer vers la fin.

« Will o’The Wisp » est une pièce relativement lente et brève, à trois temps, adaptée d’une composition pour un ballet de Manuel De Falla : «  El Amor Brujo ». Le morceau est lancinant, hypnotique. « The Pan Piper » a les mêmes caractéristiques. Il commence sans tempo défini pour installer insidieusement une écoute répétitive et obsédante, une sorte de pesanteur contre laquelle l’auditeur ne peut rien. Cette impression de léthargie que la musique donne à entendre pousse à un abandon, à une lente descente au cœur du son et de ses effets secondaires. L’introduction de « Saeta » fait résonner tambour et musique militaire. Un appel à sortir d’un état comateux pour y voir clair. Mais très vite tout se brouille à nouveau. Le tempo est toujours lent, traînant, imperturbable. Puis, la musique militaire réapparaît. Changement de rythme et fin du morceau. « Solea », comme le début de l’album, ferme l’opus avec une pièce longue. La harpe, jusque-là timide, se fait entendre dans l’introduction qui cesse rapidement. Cette fois le tempo est plus rapide que les pièces précédentes. Miles Davis improvise au milieu des orchestrations de Gil Evans. Le solea est une forme basique du flamenco se rapprochant de l’esprit du blues.

Sketches Of Spain est en réalité l’exemple type d’une utilisation à bon escient des principes d’arrangements provenant de la musique classique symphonique et d’un jazz modal. Le mode phrygien que l’on retrouve dans la plupart des musiques espagnoles est abondamment distillé tout au long du disque. L’époque se prêtait à ce genre de recherches esthétiques. En effet, le jazz des années cinquante fut le terrain d’expérimentations voulant croiser jazz et musique classique occidentale. Cette envie était déjà là au moment de The Birth Of The Cool par l’entrée d’instruments d’orchestres classiques dans l’effectif d’une formation de jazz. Le spectre de Gershwin a régulièrement taraudé les esprits dans la communauté du jazz. Qu’il s’agisse du Modern Jazz Quartet, de la formation de George Russell ou de la complicité musicale de Miles Davis avec Gil Evans, l’ensemble de ces tentatives – souvent cataloguées sous le nom de Troisième Courant - ne pouvait qu’intéresser un Miles Davis toujours soucieux d’innovations et avide de curiosités. Sa pâte sonore, oeuvrant à l’économie et au soin apporté au timbre et nuances, est l’un des traits majeurs de son style de jeu à la trompette.

Comme il le disait lui-même pendant les sessions d’enregistrement, « la mélodie est si prégnante qu’il n’y a rien à ajouter. Si tu essaies de jouer bebop dessus, tu n’as rien compris. Ce que je dois faire ici est de connecter les choses entre elles, les rendre significatives dans les notes que je joue autour d’elles ». L’album Kind Of Blue, enregistré la même année que Sketches Of Spain, se terminait sur une composition de Miles Davis qui en disait long sur ses envies d’Espagne : « Flamenco Sketches ». Une pièce annonciatrice de l’album qui nous occupe ici. La force de Miles Davis est d’avoir su capter et restituer une musique apparemment inhabituelle pour un musicien afro-américain. Le jazzman Charles Mingus fut l’un des premiers à avoir intégré ce genre musical dans ses compositions (cf. le disque Tijuana Moods, sorti trois ans plus tôt, en 1957). Miles Davis, accompagné de Gil Evans, a élargi l’exploration à sa manière. Celle d’un jazz sans frontières. Un jazz hispanisant qui inspirera certains jazzmen, dont Chick Corea et sa célèbre composition « Spain » dont l’introduction reprend également le concerto d’Aranjuez.

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