Rautavaara & Martinů: Piano Concertos No. 3

Chronique

Les compositeurs finlandais ont longuement souffert durant le XXe siècle de la stature omniprésente de leur génial compatriote Jean Sibelius. Cette ombre prestigieuse, bien que fortement respectée, a, bien malgré elle, rejeté de nombreux compositeurs qui eurent de la peine à s’imposer hors des frontières nationales.
Né en 1928, Einojuhani Rautavaara a fait flèche de tout bois. Puisant son inspiration dans un premier temps dans le folklore de son pays à la manière d’un Bartok, il se tourna ensuite vers le néo-classicisme mis à la mode par Stravinsky avant de s’intéresser à Debussy et Messiaen, puis de flirter avec le langage sériel qui lui paraissait résolument moderne. Curieusement, c’est cette hétérogénéité qui fait tout le prix de son langage. C’est en découvrant la musique de Rautavaara que le pianiste et chef-orchestre Vladimir Ashkenazy eût l’idée de lui commander un concerto pour piano qu’il pourrait diriger de son clavier. Créé en Finlande par son dédicataire en 1999, le Concerto pour piano N° 3 « Gift of Dreams » commence peu à peu à s’imposer, comme un témoigne l’interprétation sensible qu’en donne ici Olli Mustonen. Construit selon les trois mouvements habituels, il propose un moment unique de méditation avec son adagio douloureux et doucement expressif.
Si la démarche éclectique de Bohuslav Martinu peut faire songer à celle du compositeur finlandais, sa musique possède avant tout un dynamisme nimbé de couleurs et de rythmes éclatants. Son Concerto N° 3 écrit au sortir de la Seconde Guerre mondiale est d’une expression faisant le grand écart entre Brahms et Stravinsky avec panache et gravité. Le grand pianiste finlandais Olli Mustonen, par ailleurs compositeur et chef d’orchestre, défend ces deux œuvres avec un engagement total accompagné par le désormais célèbre Orchestre Symphonique de Lahti dont on a souvent salué l’enregistrement intégral des œuvres de Sibelius. Il est ici dirigé par Dalia Stasevska, sa nouvelle directrice artistique invitée par des orchestres de premier plan dans les deux hémisphères. © François Hudry/Qobuz