Rachmaninoff: Piano Concerto No. 3 - Prokofiev: Sonata for Piano No. 8

Chronique

C’est en 1964 et à la surprise générale que le tout jeune Evgeny Mogilevsky (*1945) remporta le très prestigieux Concours Reine Elisabeth de Bruxelles ; une carrière fulgurante devait donc en toute logique s’ouvrir à lui, mais les tracasseries des autorités soviétiques étant ce qu’elles sont – tordues, perfides et destructrices – il ne put pas vraiment se produire « à l’Ouest » malgré des invitations formulées par Cluytens, Munch ou Haitink. De 1974 à 1980, avec l’aide de Svetlanov, il réussit à s’extirper de la gangue bureaucratique pour jouer à l’étranger, mais bientôt l’interdiction le frappa à nouveau. En 1987 enfin, les choses changèrent lorsqu’il fut invité en tant que membre du jury du Concours Reine Elisabeth qui l’avait couronné vingt-trois ans auparavant, et il put faire ses débuts londoniens avec Svetlanov deux ans plus tard – à la chute de l’empire soviétique. Trop tard pour Mogilevsky, jamais vraiment en bonne santé, jamais à l’avant-scène comme il l’aurait mérité. Son enregistrement du Troisième Concerto de Rachmaninov avec Kondrachine – réalisé en 1964 dans la foulée de son triomphe bruxellois – et de la Huitième Sonate de Prokofiev, sont l’un des phares de la firme soviétique Melodiya. L’une des plus grandes interprétations du 3è de Rachmaninov, un bijou véritable, à la fois mythique et méconnu, au même titre que la version de Bolet et Iván Fischer chez Decca. Les grands disques sont parfois bien cachés. © SM/Qobuz