Pizzetti: Symphony in A Major & Harp Concerto in E-Flat Major

Chronique

Écrite en 1940, la Symphonie de Pizzetti était l’une des œuvres qui furent commandées pour célébrer le 2600e anniversaire de l’accession au pouvoir de l’empereur du Japon, Jinmu – la maison impériale actuelle du Japon fonde encore ses droits au Trône du chrysanthème sur sa descendance directe de ce personnage mythique. Parmi les autres œuvres commandées, on citera la Sinfonia da Requiem de Britten (qui ne fut pas donnée, finalement : trop pacifiste !), la Festmusik zur Feier des 2600jährigen Bestehens des Kaiserreichs Japan (« Musique festive pour la célébration du 2600e anniversaire de la fondation de l’empire du Japon ») de Richard Strauss qui visiblement n’y croyait guère, ainsi que cette Symphonie de Pizzetti. Il s’agit d’un ouvrage puissant, inquiétant souvent, dont on peut légitimement imaginer qu’il reflète, en cette année 1940, l’implacable déroulement de la guerre et, pour Pizzetti, l’entrée dans le conflit de son propre pays. En fait de célébration et de joie à la gloire de l’empereur du Japon, la Symphonie est aussi gaie que la Sinfonia da Requiem de Britten et les quelques accents martiaux sonnent plutôt comme de sinistres bruits de bottes que comme le bel étalage de corps d’armée bien rangés pour la parade. Mais vingt ans plus tard, le même Pizzetti écrivait son Concerto pour harpe, pour l’une des principales virtuoses du pays, la harpiste Clelia Gatti Aldrovandi : un ouvrage vivifiant, optimiste, en total contraste avec la Symphonie. Pour mémoire, Aldovandri avait également commandé une Sonate à Hindemith et à Casella, ainsi qu’un autre concerto à Nino Rota – lui-même disciple de Pizzetti. © SM/Qobuz