One (2021 Remastered)

Chronique

Smooth jazz? Jazz rock? Fusion? Les étiquettes sont aussi bien utiles que dangereuses… Bob James doit en savoir quelque chose lui qui plafonna au sommet des charts jazz au milieu des années 70 malgré les flèches lancées par la critique. Ils n’étaient en effet guère légions ceux qui louèrent le jazz électrique commercial de ce One paru en 1974 sur CTI, le label de Creed Taylor d’ailleurs à la production. A sa sortie, Bob James a déjà 35 ans et une carrière bien remplie. Pianiste occasionnel de Sarah Vaughan entre 1965 et 1968, il a surtout œuvré comme arrangeur de nombreux albums pour CTI, apparaissant même sur certains d’entre eux. Il travaille alors notamment pour Stanley Turrentine et Grover Washington pour lequel il signe les arrangements des albums Inner City Blues (1972), All The King's Horses (1972), Soul Box (1973), Mister Magic (1975) et Feels So Good (1975). Le saxophoniste est d’ailleurs présent sur One comme d ‘autres pointures de l’époque : les trompettistes Jon Faddis, Lew Soloff et Thad Jones, les batteurs Idris Muhammad et Steve Gadd et le bassiste Gary King… Derrière son Fender Rhodes, Bob James s’amuse à faire groover tout ce qu’il touche, même des œuvres classiques comme Une nuit sur le mont Chauve de Moussorgski et le Canon de Pachelbel ! Avec le recul tout cela sonne évidemment bien kitsch. L’ensemble reste tout de même assez ovni dans son mélange de classique, de jazz, de funk et de pop. L’album se termine par Nautilus, sans doute l’un des titres les plus samplés de l’histoire du rap. Public Enemy, A Tribe Called Quest, Ghostface Killah, Eric B. & Rakim, EPMD, Run–D.M.C., Slick Rick, Naughty by Nature, Pete Rock & CL Smooth et même, plus récemment, Danny Brown, comptent parmi ceux ayant goûté au groove selon Saint Bob. © MD/Qobuz