Mendelssohn: Symphonies Nos. 1 & 3

Chronique

BIS Records fit le bon choix en débutant ce second volet de son exploration de l’œuvre orchestrale de Mendelssohn avec le Swedish Chamber Orchestra sous la direction de Thomas Dausgaard avec la Première (1824). Le geste ardent du chef danois, léger et fluide, vif et sans appuis, exhausse ce premier chef-d’œuvre symphonique du compositeur romantique, couronnement de ses premières études sur le genre de la symphonie – en effet, Mendelssohn, à 12-13 ans, s’était fait la main en laissant pas moins de 12 symphonies pour cordes (le Concerto Köln les enregistra toutes pour Teldec dans les années 1990).

Dans cette Première, Mendelssohn poursuit dans la veine d’une écriture hyperactive aux cordes, très fouillée sur le plan polyphonique, avec des rythmes incroyablement dessinés – écoutez l’Allegro con fuoco, avec ses passages fugués, très courants dans les Symphonies pour cordes antérieures. Les vents et les cuivres demeurent assez discrets : ici, Mendelssohn se situe sans hésitation dans la lignée d’un Mozart, plus que de Beethoven qui avait déjà révélé le potentiel dramatique et expressif des autres pupitres de l’orchestre. L’imaginaire sonore de Mendelssohn intègre naturellement les nouveautés de l’orchestre de Weber, plus dense de textures notamment. Seconde œuvre du présent programme, l’Écossaise deviendra l’aboutissement absolu, en 1842, de la recherche esthétique de Mendelssohn dans le domaine de l’orchestre.

Thomas Dausgaard y garde toutes les qualités de sa direction, vive, énergique sans être précipitée, d’une expression légèrement romantique, sans pathos. Le Swedish Chamber Orchestra déploie des sonorités magnifiques, et une virtuosité plutôt excitante (comme dans les pages ultimes du Scherzo. Vivace non troppo) se dégage naturellement de cet album, sans que le lyrisme de l’Adagio n’en soit sacrifié. La prise de son valorise nettement les cordes, donc le propos musical de Dausgaard. Un très bel enregistrement, et une occasion parfaite de se rappeler la singularité du génie mendelssohnien. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz