HOPIUMFORTHEMASSES

Chronique

Et si c’était la dernière, ou presque ? Bien entendu, on peut toujours penser qu’il s’agit d’un effet d’annonce. Mais Al Jourgensen, créateur-leader-guitariste-chanteur (et autres) du mythique combo de metal indus, semble décidé, du haut de ses 65 printemps, à clore le chapitre Ministry peu de temps après HOPIUMFORTHEMASSES (il a précisé qu’il aimerait bien mettre en boîte un dernier disque en compagnie de son ancien complice Paul Barker et même réenregistrer le tout premier album du groupe, qu’il a toujours détesté). Annoncer un chant du cygne ne signifie pas pour autant lâcher un potentiel avant-dernier LP bâclé, loin de là.

Car HOPIUMFORTHEMASSES est une nouvelle petite bombe sacrément solide et massive. Un album de Ministry pur jus qui, à défaut de surprendre, va ravir les adeptes grâce à un contenu toujours engagé et chargé en électricité mais aussi séduire un public plus large via des morceaux plus accessibles sans pour autant céder à l’appel du mainstream à outrance. Malin, Jourgensen tire sur tout ce qui bouge, des masculinistes mal embouchés (B.D.E) aux puissants de ce monde en passant par ceux qui pourrissent la planète (New Religion, Just Stop Oil…) au risque d’aligner certains clichés comme on enfile des perles. Mais c’est tellement bon.

Parce qu’inviter des potes, ça fait toujours plaisir en plus d’apporter de la variété dans sa musique, Jourgensen s’éclate aux côtés de Pepper Keenan (Corrosion of Conformity), Jello Biafra et Eugene Hutz (Gogol Bordello) qui amènent un petit truc plus fou et décalé sur Cult of Suffering. Finalement, en plus d’être engagé, HOPIUMFORTHEMASSES possède aussi ce petit côté fun en diable qui le rend terriblement attractif, au même titre que son prédécesseur Moral Hygiene. Ministry n’est pas encore mort, vive Ministry ! © Chief Brody/Qobuz