Homme Studio

Chronique

Jazzman, crooner, rocker, chanteur pour enfants… Il est difficile de classer Henri Salvador, tant les genres qu’il a abordés sont infinis. Dans les années 1970, il décide de se réinventer encore. C’est en constatant que les artistes étaient irrémédiablement spoliés par les majors que l’interprète de Chanson douce et Syracuse décida d'écrire les chansons de ce disque et d’acquérir une certaine indépendance. De la production à la promotion en passant par l’édition, le pressage et la réalisation de scopitones, Henri et son épouse Jacqueline montent leur petite entreprise. Et leur appartement de la place Vendôme de se transformer petit à petit en home studio, où trône une console artisanale géante. À l’écoute de ces 16 titres étonnants, on a d’abord l’impression d’entendre un grand enfant qui s’amuse avec des boîtes à rythme aux ressources infinies (la couleur sud-américaine de Marjorie), mais aussi avec sa propre voix (L’amour, va, ça va, On l’a dans le baba) et, naturellement, ses guitares adorées (Le Bilan, Thème du bateau). Malgré le choc musical flirtant parfois avec l’expérimentation débridée, Henri Salvador conserve sa patte inimitable, celle d’un amuseur concevant certains morceaux comme de véritables hymnes à la bonne humeur (J’aime tes g’noux, Sex Man). On remarquera en outre quelques savoureuses photographies des années 1970 – la décennie des contestations (Le Temps des cons), du tourisme de masse (On n’est plus chez nous), et de la fin de la guerre du Vietnam (Kissinger et le Duc Tho). Enfin, ce disque nous rappelle qu’Henri Salvador fut un des ambassadeurs de Disney en France ; c’est pourquoi on croisera un ska célébrant les 40 ans de Mickey (Hello Mickey) ou encore une adaptation survoltée de la célèbre chanson de Blanche Neige (Un jour mon prince viendra). ©Nicolas Magenham/Qobuz