Hammer of the Witches

Chronique

Dans la foulée de sa prestation remarquée au Hellfest, l’institution de l’horror metal symphonique qu’est Cradle of Filth - vingt-quatre ans de carrière -, publie son douzième album. Le successeur de The Manticore And Other Horrors est baptisé d’un évocateur Hammer Of The Witches : Goetic Justice, dont la pochette est une stylisation du sabbat des sorcières de Goya, dont le concept s’inspire du Malleus Maleficarum d’Heinrich Kramer, traité inquisiteur contre les sorcières écrit au XVème siècle.



Sans aucun lien de cause à effet, pour ce disque, la paire de guitaristes formée par James McIlroy et Paul Allender (parti se consacrer à son projet parallèle, White Empress) a été éconduite. Les deux musiciens ont été remplacés au pied-levé par Richard Shaw (Emperor Chung, NG26) et Marek Smerda (Root, Inner Fear). De son côté, Lindsay Schoolcraft, arrivée l’an dernier au poste de claviériste, obtient une promotion en se voyant confier quelques parties de chant, adoucissant les cérations vocales du leader Dani Filth, toujours aussi à l’aise dans les vertigineuses ascensions et dégringolades entre registre suraigu et guttural. Enfin, le grand ménage a aussi conduit le groupe à changer de label et à signer chez Nuclear Blast.
 


Ces changements, conjugués à l’investissement de Dani Filth dans le groupe Devilment, faisaient craindre le pire quant à l’avenir de Cradle of Filth, mais il n’en est rien. Ceci dit, il y avait tout autant à redouter d’un tel renouvellement pour l’orientation musicale du nouvel album... Mais Dani Filth s’était empressé de prévenir : le groupe, paradoxalement, préparait un retour aux origines et notamment à la diabolique trinité Dusk... And Her Embrace, Cruelty And The Beast et Midian.
 


Force est de constater que, passé une introduction instrumentale aux cordes inquiétantes (« Walpurgis Eve »), le duo de guitares attaque frontalement comme à la belle époque, en un déluge ultra rapide, poursuivi par une double pédale démente (« Yours, Immortally »). « Enshrined In Crematoria » rappelle le versant plus romantique et mélodique...toutes proportions gardées avant que « Deflowering the Maidenhead, Displeasuring the Goddess » réinvestisse le thème de l’érotisme qu’on retrouve depuis toujours dans l’œuvre des Anglais, sur un rythme épileptique et au son de guitares agressives entre thrash et dark metal, qui n’appellent pas aux sentiments les plus « fleur bleue ». En cela, la promesse est tenue.
 


Fort heureusement, Cradle of Filth évite l’écueil de la redite à trop jouer la carte de la nostalgie et offre de nouvelles perspectives. La plus flagrante est cette puissance assumée, qui prend le pas sur la dimension orchestrale et théâtrale, légèrement en retrait et confinée d’une certaine manière aux interludes (« The Monstruous Sabbat (Summoning The Coven) », « Blooding the Hounds of Hell »). Cela constitue la grande nouveauté de ce disque et trouve sa pleine expression sur des titres complets comme « The Vampyre at My Side ».
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