Guerrier

Chronique

Autrefois surnommé Che Guevara par ses amis du Super Rail Band de Bamako en raison de ses idées progressistes voire révolutionnaires, Cheick Tidiane Seck ré-enfile sa tenue de combat pour Guerrier. Depuis mars 2012 et le début des évènements qui touchent le Mali, Cheick Tidiane Seck n'a de cesse de se multiplier en conférence-débats et en concerts pour attirer l'attention sur la situation de son pays. Guerrier a cependant un propos plus large, il parle de la mondialisation à sens unique qu'il voit non sans raison comme un nouveau colonialisme rampant.

En dehors de ces considérations, Guerrier est avant tout une nouvelle preuve éclatante du talent de ce musicien hors pair. Le clavier de Cheick Tidiane Seck apporte à la musique africaine des effluves volontiers jazz et groove, tout en restant attentif à la tradition. Cette synthèse parfaite porte de bout en bout Guerrier et ses treize nouvelles chansons.

Difficile de résister d'entrée au groove infectieux de « Kile Bora », bâti à coup d'orgue et de percussions. Sur « Ni Koui Ti (They Say) » la guitare va chercher son contretemps du côté de la Jamaïque. Le reggae est présent de façon encore plus manifeste sur le lascif et hypnotique « Horongna ». L'Afrique est bien sûr omniprésente, à commencer par « Saya » ou « Liwawechi » et leurs mélopées tribales.

Celui qui cite le récemment disparu Stéphane Hessel au coeur d'« Emigrants », a bien revêtu un habit de Guerrier sur ce troisième album. Un Guerrier de la paix et de la musique qui nous ouvre les oreilles sur de nouvelles beautés harmoniques.

©Copyright Music Story 2015