Freedom Of Speech

Chronique

Après un liminaire Speech Therapy paru en 2009, et récompensé du Mercury Prize Award, la jeune anglaise née Corynne Elliott, rappeuse depuis la pré adolescence, et devenue professionnelle en signant chez Big Dada après quelques années à vivre SDF dans les rues de Londres, confirme son talent sur un Freedom of Speech qui évoque les grandes heures du rap des années 1990, et pas seulement du rap féminin de l’époque.

Avec une voix plutôt douce, modulée, jamais agressive, elle dépose ses rimes vécues et jouées avec la conviction d’une actrice de sa propre vie le long d’instrus souvent acoustiques (la guitare folkisante de « Angel Wing »). On y retrouve aussi la rage d’un engagement naturel dans « Blaze Up A Fire », le titre qu’elle lança peu après les émeutes de l’été 2011, en réponse à la mort d’un jeune Britannique abattu par la police. Rappé avec Roots Manuva, alors compagnon de label, le brûlot incendiaire est dans la ligne des commentaires sociaux les plus en phase avec leur temps qu’a produit le rap dans son histoire.

Produit avec Kwes, bidouilleur à l’économie mais inspiré, cet album avec son ton de confidence évolue de la pop au presque disco, dans un panel de couleurs musicales variées et chatoyantes, qui font de Freedom of Speech un album sans temps mort, très musical, dénué de featurings intempestifs (« Blaze Up A Fire » avec Roots Manuva et Realism, qu’on retrouve en outre sur « Eagle Eye », et c’est tout), et séduisant de bout en bout, conclu sur un « Sun Dog » habillé de violoncelle majestueux et de cordes à l’unisson, à l’ampleur infiniment émotionnelle.

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