Forever So

Chronique

Huksy, ou l'histoire de quatre australiens originaires de Melbourne ayant décidé de suivre les pas de Bob Dylan et autre Leonard Cohen. Dès l'ouverture de Forever So (publié sur le mythique label Sub Pop et initialement sorti en 2011 sur Liberation Music), on comprend que le quatuor s'apprête à nous faire plonger dans la quintessence du folk. Un raz de marée de guitare acoustique, d'arpèges de piano délicats (« Tidal Wave »), élevé par le chant épuré, aérien et l'écriture affutée du leader de la bande, Husky Gawenda. 

Le quatuor nous conduit vers des contrées lointaines et familières à la fois. Sur « Fake Moustache », on est loin du symbole galvaudé pour hipsters version mainstream, mais bel et bien dans l'imagerie folk pop des 60's. Le morceau est mélodieux tout en étant rythmique, ce qui lui évite de sombrer dans les tics chers aux barbus à guitare et de verser dans l'apathie parfois écrasante de certains folkeux. Les harmonies sont latentes et sans cesse renforcées par des ponts vertigineux et des refrains entraînants à coup de plages de clavier limpides et frénétiques (« Histroy's Door ») ou de pop flamboyante (« The Woods »).

Toutefois la bande n'en oublie pas la ballade, grand classique du genre, sur un titre au nom significatif, « Hunter », qui bien qu'un poil larmoyant confère à Husky de porter fièrement la chemise à carreaux. Sans doute les Australiens ont-ils ressenti le besoin de se réclamer du style. C'est d'ailleurs non sans hasard qu'ils ont opté pour une piste minimaliste offrant des volutes vocales atteignant des sommets aigus et emprunte de vague à l'âme sur le morceau-titre, étonnamment court, ancrant ainsi efficacement leur musique dans le registre indie folk. La seconde partie d'album vire donc du côté du spleen, oscillant entre folk atmosphérique (« How Do You Feel ») et teinté de mélancolie (« Don't Tell Your Mother »). 

Tandis que les premières minutes de Forever So convoquaient Fleet Foxes ou Mumford and Sons, la suite rappelle davantage le son en apesanteur d'un Bon Iver. Si Husky sert une conclusion d'album un peu molle tombant dans le piège des gimmicks soporifiques du folk moderne, il offre un ensemble au demeurant prometteur et de bien belles propositions.

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