Eleven

Chronique

Si Tina Arena semble avoir oublié de faire preuve d’originalité au moment de baptiser son onzième album studio (si l’on inclut son disque de 1977 en tant que Tiny Tina avec John Bowles), il ne s’agit certainement que d’une façade, tant le chiffre 1 semble avoir de l’importance pour la chanteuse australienne. Née un 1er novembre (1/11), elle a également pris soin de faire graver... onze pistes sur ce nouvel opus. Superstitieuse ?

À l’écoute d'Eleven, ces précautions semblent bien futiles tant il s’avère convaincant. À commencer par le premier single, « I Want to Love You » une ballade parfaitement dans l’air du temps au refrain imparable, parfaitement calibrée pour obtenir un airplay massif en radio. Sur des titres tels que « Unravel Me » ou « Overload », la chanteuse semble aux prises avec les fantômes du passé et des amours tourmentés. Pas moins de quatre chansons incluent d’ailleurs le mot « love » dans leur titre. Ironiquement, ils semblent suivre une certaine chronologie, conduisant à une certaine fatalité : d’abord la promesse sur « I Want You », le constat tragique sur « Not Still In Love With You » (meilleure prestation vocale de l’album), puis une certaine forme de déni sur « Wouldn’t Be Love If It Didn’t » et enfin une froide colère sur « Love Fails ».

Ce qui frappe le plus sur Eleven, outre la production efficace et la complicité évidente avec le chanteur du groupe néo-zélandais Evermore, Jon Hume, en soutien sur sept morceaux, c’est la désinhibition totale dont parvient à faire preuve Tina Arena, se livrant sans retenue et avec une variété étonnante, s’exprimant aussi bien dans le disco de « Magic » que sur une ballade au piano telle que « Lie In It », dans l’arrangement minimaliste de « When You’re Ready » que dans les puissantes cordes de « Love Falls ». C’est incontestablement cette sincérité, peut-être davantage que les chansons elles-mêmes, qui donnent à Eleven toute sa saveur et sa crédibilité.

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