Downey to Lubbock

Chronique

Plus besoin de présenter ces deux pontes de l’americana. Le Californien Dave Alvin, ex-Blasters, et le Texan Jimmie Dale Gilmore, ex-Flatlanders, unissent leurs forces sur Downey to Lubbock qui paraît chez Yep Roc. Les tempes désormais bien grisonnantes, les deux troubadours ont choisi le nom des villes à l’origine de leurs premiers pas sur la scène musicale. Qui aurait cru que les plages californiennes feraient un si bon ménage avec les étendues arides du Texas ? Malgré leurs différences, Alvin et Gilmore ont su trouver un terrain d’entente et une complicité sans conteste qui se fait ressentir tout au long du disque. Dave Alvin a composé le titre éponyme Downey to Lubbock où il introduit son partenaire et sur lequel les deux hommes décrivent leurs années sur les routes. Les hauts et les bas, l’attachement à leur pays, leurs rêves imprégnés d’essence, sans oublier la musique. Un solo à la guitare électrique, des couplets aérés par des notes à l’harmonica d’où jaillit un blues électrisant : le ton est donné.

Principalement composé de reprises, Alvin et Gilmore n’ont pas négligé non plus leur sélection. De la ballade Silverlake de Neil Young au banjo de William Shade en passant par Lightnin' Hopkins, Woody Guthrie et chants folkloriques, ils placent la barre très haut. L’ensemble est riche de sonorités et l’inimitable voix chevrotante de Gilmore contraste merveilleusement bien avec celle d’Alvin, bien plus chaude. Deux univers fusionnent et ils s’amusent à traverser les époques sans oublier les copains. Par la reprise du titre tex-mex The Gardens composé par Chris Gaffney, le Californien rend hommage à l’homme disparu trop tôt. Mais c’est sûrement sur le duo Billy the Kid and Geronimo qu’ils sont le plus saisissants. À travers une fiction qui met en scène la rencontre de deux fugitifs américains aux vies violentes, Alvin et Gilmore s’échangent des versets au rythme d’une ballade pleine de sympathie. De ces vieux de la vieille ressort une indéniable force, un album touchant et sincère qui inspire le respect de la musique américaine. © Clara Bismuth/Qobuz