Domenico Scarlatti: Stabat Mater & Other Works

Le Caravansérail, Emmanuelle de Negri, Paul-Antoine Benos-Djian, Bertrand Cuiller

Paru le 8/04/22 chez harmonia mundi
Artistes principaux : Le Caravansérail Emmanuelle de Negri Paul-Antoine Bénos-Djian Bertrand Cuiller
Genre : Classique

Livret numérique

Disponible en

24-Bit/192 kHz Stereo

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Méfiez-vous de la plume des critiques. Lorsqu’en 1720, un arrangement de l’opéra Amor d’un’Ombra e Gelosia d’un’aura composé par Domenico Scarlatti en 1713 débarque sur la scène du King’s Theatre, celle de Charles Burney l’égratigne légèrement. « Bien qu’il y ait beaucoup de passages et d’effet neufs et plaisants, ceux qui connaissent les originalités et l’heureuse fantaisie de la musique pour clavecin de cet artiste seraient surpris par la sobriété et l’aspect ennuyeux de ses airs », note le Londonien, autorité parmi les mélomanes. Au cours des siècles qui suivirent, on continua de penser que le meilleur de Scarlatti se trouvait moins dans ses œuvres vocales ou instrumentales que dans les 555 sonates pour clavier écrites pour la reine portugaise d’Espagne, María Bárbara.

Mais voici qu’aujourd’hui, la variété du programme concocté par Bertrand Cuiller et son ensemble historiquement informé Le Caravansérail nous propose de juger par nous-même de la valeur générale de Scarlatti – quoiqu’avec un répertoire et des exécutions d’une telle qualité, Cuiller ne fait pas mystère du côté vers lequel il veut faire pencher la balance. Le disque s’ouvre sur un morceau au charme effronté, à savoir la célèbre Sonate en sol majeur K. 144 dans une version confiée à la harpiste Bérengère Sardin, dont l’interprétation mêle chaleureuse fragilité et noblesse porteuse d’espoir.

Vient ensuite l’une des rares œuvres sacrées de Scarlatti à nous être parvenue, le Stabat Mater en ut mineur, dont la riche texture à dix voix n’est soutenue que par la basse continue. L’oreille se focalise instantanément sur l’archiluth du continuo, lequel rappelle la harpe et devient l’atout très vivant d’un accompagnement poétique au-dessus duquel les voix aux tons clairs se déploient et s’enroulent les unes autour des autres, apportant elles-mêmes définition et luminosité à la polyphonie la plus luxuriante.

La suite est un régal instrumental teinté de ré mineur : la violoniste Leila Schayegh livre une interprétation sombre mais expressive de la Sonate K. 90, l’une des seules pages pour clavecin qui semble offrir la possibilité de confier la ligne mélodique à un instrument soliste ; puis, passé une lecture agile et urgente de la transcription en forme de « concerto grosso » d’une autre pièce pour clavier par Charles Avison, Cuiller lui-même confère un lyrisme ultra-léger à la Sonate K. 213.

En ce qui concerne les œuvres vocales profanes, les numéros tirés d’Amor d’un’Ombra e Gelosia d’un’aura s’intègrent parfaitement à l’ensemble grâce aux prestations engagées de la soprano Emmanuelle de Negri et du contre-ténor Paul-Antoine Bénos-Djian. L’un des points forts de l’album réside dans la douce mélancolie que Negri met dans Pur nel sonno almen tal’ora vien colei, extrait d’une cantate composée sur un poème de Métastase qui semble avoir été remis à Scarlatti par Farinelli.

Bref, Cuiller l’emporte sur Burney. Scarlatti aussi, bien sûr. © Charlotte Gardner.S/Qobuz

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Le Caravansérail

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Sonata in G Major, K. 144 (Version for Solo Harp)

Bérengère Sardin