Courage

Chronique

Dans quelques semaines, les oreilles américaines entendront pour la première fois la musique de celui qu’on surnomme déjà « l’Ange Noir ». Courage est en effet le premier album du Brésilien enregistré dans une perspective de commercialisation internationale.



Les séances se déroulent dans un studio du New Jersey, sous la houlette de Creed Taylor (directeur artistique du label et producteur des albums bossa nova de Stan Getz et João Gilberto, les plus vendus du genre au monde). On a mobilisé le meilleur orchestrateur du Brésil (Eumir Deodato), le meilleur percussionniste exilé de l’époque (cet Airto Moreira qui, dans quelques semaines, rejoindra Miles Davis) et le pianiste le plus prometteur de sa génération (Herbie Hancock).



Les chansons (« Vera Cruz », « Tres Pontas », en hommage à la ville où le chanteur grandit), toutes composées par le patron et immaculées, seront par la suite reprises par une brigade d’interprètes. Milton Nascimento y passe avec souplesse du portugais à l’anglais, puis au n’importe quoi, se contentant de moduler des sons et d’oublier les mots. Voilà.



A part cela, personne ne s’attend à ce que Courage fasse son entrée dans l’histoire de la musique populaire au rang de chef d’œuvre – ce qu’il est, naturellement. L’artiste y chante (quelque part entre le baryton et le falsetto) de façon divine, magnifiquement accompagné de virtuoses impressionnistes, et sanctionne la fin d’une époque (l’ère bossa nova incarnée par João Gilberto et Tom Jobim), en en annonçant une nouvelle (le tropicalisme). Un album majeur, de l’artiste, du pays et de l’époque.





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