Careful

Chronique

Nouvelle sensation de l’underground américain, le duo Boy Harsher a enchanté les plus sombres des fans de musique électronique en 2015 avec son album Lesser Man, porté par l’accrocheur Pain, devenu un tube dans les soirées goth. Avec de lourdes basses synthétiques, des drums entre rock et techno, des boucles de synthé hypnotisantes et des vocals rappelant le meilleur de la cold wave, la chanteuse Jae Matthews et le producteur Augustus Muller se sont très vite constitué une base de fans indéfectible, au point que leurs concerts se jouent quasiment tous à guichets fermés.

Sur ce second album, les deux anciens étudiants en cinéma, originaires de la petite ville de Northampton dans le Massachusetts, développent leur esthétique noire, même s’ils rejettent l’idée de faire de “la musique triste”, estimant qu’elle exprime plutôt leur sentiment d’être en décalage avec le reste de la société. Convoquant tout à la fois New Order, KaS Product, Nitzer Ebb ou Miss Kittin & The Hacker, le duo démontre sa complémentarité dès l’autoroute hantée de Keep Driving. Que ce soit en mode synth-pop mutante (le single Face the Fire), EBM (Come Closer) ou pop dance lo-fi (LA), les vocals bruts et effacés de Jae Matthews glissent sur les compos décharnées d’Augustus Muller. Si la dizaine de titres de Careful ne respire évidemment pas la joie, on ressent tout au long cette envie de s’échapper, et c’est sans doute ce qui explique le succès de Boy Harsher. © Smaël Bouaici/Qobuz