Bingo!

Chronique

Une éternité qu’on n’avait pas déchiffré ce nom sur une pochette de disque…Steve Miller célèbre son retour dans l’actualité discographique (après plus de dix-sept années de mutisme) en mettant les grands plats dans les très grands : campant dans les studios de George Lucas (bien nommés Skywalker Studios), l’homme du Wisconsin – parfois élégamment surnommé Maurice – et son band ont ainsi travaillé plus de quarante titres. Les dix chansons rescapées (mais on nous promet pour l’année prochaine un deuxième volet du chanteur au royaume de la nostalgie, incluant une - parait-il -ébouriffante version du « Sweet Home Chicago » de Robert Johnson), alimentant l’opus, représentent une partie signifiante du juke-box idéal du Joker, largement emprunté au blues de Chicago, mais bronzé par le soleil de la côte ouest, et impulsé par le jeu de guitare liquide du créateur de « Space Cowboy ».

Andy Johns (l’homme derrière la console pour l’ Exile On Main Street des Rolling Stones , ou l’album Led Zeppelin IV, excusez du peu) a été convié à la fête. Ont également répondu présents à l’appel Michael Carabello et José Chepito Areas (mythiques percussionnistes de la première mouture du Santana Band), ou Joe Satriani, wonder guitarist venu dispenser à deux reprises quelques-uns des étincelants chorus dont il a le secret. Moins réjouissant, Bingo ! constitue également l’ultime occasion d’entendre le bassiste Norton Buffalo, compagnon de longue date de Miller, et depuis les sessions emporté par un cancer.

Qualifié par le patron en personne de disque pour faire la fête, et de pure incitation à la danse, le disque parvient à retrouver l’excitation des groupes de collèges, et des plaisirs au premier degré qu’ils dispensaient. C’est donc sans prétention que Miller fait siennes certaines chansons extraites du répertoire de B.B. King (« Rock Me Baby »), Jimmy Vaughan (« Sweet Soul Vibe »), Lowell Fulson, ou Jimmy Reed (« You Got Me Dizzy »). Certes, la version du « Tramp » jadis immortalisé en un hilarant duo par Otis Redding et Carla Thomas, souffre d’un brin de crispation. Mais tous les autres morceaux résonnent vraiment comme des retrouvailles, mi-rigolardes, mi-nostalgiques, entre bons copains. Et Steve Miller, qui s’est fait livrer une entière chambre d’écho en conclusion de l’album (et pour le compte d’une version roborative de « Ooh Poo Pa Dooh ») démontre à chaque instant qu’il ne se contente pas de laisser les bons temps rouler, mais sait plus souvent qu’à son tour les diriger vers la bonne pente.

Le musicien annonçant en outre être prêt à enregistrer une grosse douzaine de nouvelles compositions totalement originales celles-là, il semblerait que celui qui, jadis, volait comme un aigle (« Fly Like An Eagle ») soit résolu à reprendre son envol.





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