A Friend Of A Friend

Chronique

Comme chaque nouvel album de Gillian Welch est un peu un nouvel album de son complice, partner in crime, Dave Rawlings, logique que le premier opus de Dave Rawlings soit un peu un nouvel opus de Gillian Welch… Les Bonnie & Clyde du néo-bluegrass et du country rock couleur sépia ne faisant guère dans l’incontinence, chacune de leurs apparitions est un mini-événement dans le monde de l’americana. A Friend of a Friend de la Dave Rawlings Machine ne déroge pas à la règle. Pourtant, tout déroute, d’entrée. La pochette est aussi excitante qu’un démonte-pneu. Et trois reprises au compteur d’un “premier (même vrai-faux) album” n’est guère aguichant : une relecture de To Be Young de Ryan Adams (coécrit en 2000 justement par Rawlings), puis un medley de Method Acting de Conor Oberts et Cortez the Killer de Neil Young ! Tout ça n’est évidemment ni mal, ni sale. Juste une manière d’appuyer un peu plus sur les influences et descendances revendiquées du songwriter de Nashville. La Machine de Rawlings est donc un beau joujou nostalgique. Comme une errance au 56 Parnassus Lane à West Saugerties, entre les quatre murs de Big Pink, la mythique baraque où le Band et Bob Dylan cuisinèrent quelques merveilles vers 1968…

Aussi bordélique que les Basement Tapes, cet Ami d’un ami possède néanmoins une réelle force attractive. Ses fulgurances, qu’elles soient dépouillées-à poil-en slip toutes acoustiques (I Hear Them All, Sweet Tooth) ou carrément collégiales à la Big Pink (Ruby), rappellent le calibre de la plume et des harmonies du bonhomme ; et de sa douce. Sans doute réservé aux lettrés des musiques rurales, ce beau disque déroutant peut pourtant accueillir toutes les ouïes ouvertes, loin des modes. Dites juste que vous êtes l’ami de l’ami de l’ami de machin… © Marc Zisman