Origines

Chronique

Pour cet album, Louis Bertignac s’attaque à des classiques du rock qu’il adapte en français. Il commence très fort avec Bob Dylan et son Precious Angel/J’aime tout de toi, tiré de Slow Train Coming. C’est aux femmes de sa vie (sa compagne et sa fille) que l’ex de Téléphone dédie cette chanson, alors qu’il s’agissait plutôt, dans l’esprit de Dylan, d’un texte sur le catholicisme, auquel il venait de se convertir. Ce qui montre que Bertignac n’a pas peur, quand il le faut, de trahir les chansons originales.

Parmi ses autres héros, on trouve bien entendu les Beatles (While My Guitar Gently Weeps/Et ma guitare… tiré du fameux White Album) et les Rolling Stones (Dead Flowers/Descends-moi). Cette dernière chanson est révélatrice de la démarche du chanteur-musicien pour cet album atypique : si cet exercice de style rappelle parfois les grandes heures de l’époque yé-yé en France, Bertignac a tenu à apporter une touche de modernité dans les arrangements et dans la façon d’enregistrer. Ainsi, si les guitares sont bien réelles, la wah-wah qui conclut Coquine (adaptation de Cocaine de JJ Cale) a été créée grâce à un logiciel. Un détail qui prouve que Bertignac n’est pas ici dans une posture nostalgique complètement fétichiste, mais, au contraire, dans une démarche très ouverte sur le présent.

Rod Stewart (C'est fini/It's Over) et Sting (Chaque Mot/Every Breath You Take) figurent également parmi ses « victimes », et ce choix de ballades plutôt lyriques est plus surprenant de la part de cet amoureux d’un rock généralement musclé. Origines paraîtra à certains sans doute quelque peu « blasphématoire » à la première écoute, mais il faut le prendre tel qu’il est, c’est-à-dire comme un hommage simple et direct de la part d’un musicien sexagénaire (mais toujours un peu adolescent) envers ses pères spirituels. © Nicolas Magenham/Qobuz