Balladscapes

Chronique

Ces deux presque septuagénaires se connaissent depuis près de 50 ans. Un demi-siècle ! Le saxophoniste Dave Liebman et le pianiste Richie Beirach, alors étudiants fanatiques de jazz, s’étaient retrouvés à faire le bœuf au Queens College de New York. A l’époque de cette première rencontre, l’heure était au free tous azimuts et les deux jeunes musiciens, comme beaucoup de leurs congénères, ne juraient que par la dernière période très agitée de John Coltrane. Il fallut pourtant attendre 1973 pour que Liebman et Beirach gravent dans la cire leur amitié naissante. Le jeune saxophoniste tournait alors au Japon avec le groupe de Miles Davis, le pianiste épaulant quant à lui Stan Getz sur scène. Avec Jack DeJohnette et Dave Holland, ils enregistrent alors le premier disque de Dave Liebman en tant que leader, First Visit. Au cœur de cet opus, un sublime duo, Round Midnight. Le premier d’une longue série entre les deux hommes durant les quatre décennies qui suivront… Paru en avril 2016, ce Balladscapes est sans doute l’un de leur plus bel échange. Il y a ici une pureté du dialogue totalement fascinante. Evidemment, la thématique choisie – la ballade – amplifie la richesse de ce tête-à-tête, la profondeur de leur propos. Dave Liebman (qui alterne entre soprano, ténor et flute) et Richie Beirach mélangent d’anciennes et de nouvelles compositions et revisitent également des pièces de Jean-Sebastian Bach (Siciliana), Kurt Weill (This Is New), Antonio Carlos Jobim (Zingaro), Wayne Shorter (Sweet Pea), Billy Strayhorn (Day Dream) et Coltrane (Welcome/Expression). Pureté des phrasés, épure du geste, niveau des improvisations et musicalité stratosphérique, Balladscapes est un grand disque, témoignage flagrant d’une complicité hors norme. © MZ/Qobuz