Berg: Violin Concerto, Three Pieces for Orchestra

Chronique

A l'instar d'un grand chef d’orchestre-orchestrateur comme Leonard Bernstein, Sir Andrew Davis ouvre le présent programme consacré à Alban Berg avec deux stupéfiantes orchestrations de son cru : la Sonate pour piano et la Passacaille. On ne saurait trop vous recommander de consulter le livret dans lequel le chef britannique donne de passionnantes indications sur son approche des œuvres, témoignant à la fois d’une solide connaissance historique et d’une intuition très fine de l’utilisation des timbres et couleurs.

La Sonate est une œuvre de jeunesse de Berg, écrite alors qu’il suivait encore les cours d’Arnold Schönberg. Malgré sa brièveté – elle est constituée d’un seul mouvement de douze minutes –, la pièce traverse une palette sonore et émotionnelle dense, et illustre fort à propos les principes de la Seconde Ecole de Vienne. Les Trois Pièces pour orchestre sont ici remarquablement ciselées, chaque ligne instrumentale parvenant à s’extraire de la masse orchestrale tout en gardant une solide cohérence avec la structure d’ensemble; Davis donne ici une vision panoptique du corps orchestral et imprime une direction motrice forte qui ne se laisse pas noyer par l’écriture atonale.

En soliste invité sur le Concerto pour violon, l’excellent James Ehnes nous fascine avec une langueur combinée à une nervosité qui nous tient en alerte tout au long de la pièce. Dans ses notes, Sir Andrew Davis, qui l’a dirigée à de nombreuses reprises, ne cache pas le plaisir tout particulier qu’il a eu de la jouer avec Ehnes, et du reste la parfaite osmose entre le chef, le violoniste et l’orchestre est d’une lisibilité extraordinaire à l’écoute.

Ce programme pour initiés saura certainement séduire les plus profanes à la musique moderne, tant l’interprétation est servie avec le plus grand soin. © Pierre Lamy/Qobuz