SPECTRE: Machines of Loving Grace

Chronique

Neuf ans après Passion, revoici Para One en solo studio. Touche-à-tout de la musique française, producteur de rap avec TTC et La Caution, de techno breakée et de turbine pour les labels Ed Banger, Institubes et Marble, capable d’écrire des morceaux pour Birdy Nam Nam comme pour Alizée, Para One n’est jamais plus intéressant que sur long format. Passion avait déjà dévoilé la facette domestique de ce DJ émérite, et ce Machines of Loving Grace l’amène se confronter à une nouvelle réalité : la musique acoustique. Le disque a été conçu entre des voyages à Bali, au Japon ou en Bulgarie et l’instrumentarium local ressort explicitement dans ce qu’on pourrait définir comme son premier “album d’explorateur”.

Une exploration physique mais aussi mentale, avec une dimension spirituelle plus ou moins marquée sur tous les morceaux, et plutôt plus sur Shin Sekai (avec l’apport de l’ensemble Mystère des Voix bulgares), pour lequel le producteur voulait “créer un chant traditionnel, cosmique, d’une autre planète”. Shin Sekai bénéficie également d’un remix thérapeutique signé Alva Noto, à intégrer absolument dans votre playlist méditation. De Bali, Para One a ramené beaucoup de sons de marimba et xylophone, qu’on retrouve sur Virtual Satory, Silicon Jungle ou Atlantique, donnant à l’album un petit côté Transglobal Underground ou Dead Can Dance – on se croirait d’ailleurs parfois dans le film Baraka. Enfin, c’est le Japon qui clôture cette odyssée avec Futatsu No Taiyo (“deux soleils”), qui rappelle le talent de Para One pour les BO (il est le compositeur attitré de Céline Sciamma). Le projet va d’ailleurs évoluer à l’écran puisqu’il sera suivi d’un film et d’un live qui s’annonce cosmique. © Smaël Bouaici/Qobuz