RAUTAVAARA, E.: Piano Concerto No. 3 / Autumn Gardens (Ashkenazy)

Chronique

C’est pour Ashkenazy que Rautavaara a composé ce concerto de 1998, c’est par et sous Ahskenazy qu’il fut créé l’année suivante : en effet, le pianiste-chef avait expressément passé commande d’une œuvre qu’il pourrait diriger du piano. Le langage reste en entier dans le giron de la tonalité, y compris et surtout avec les gammes à transposition limitée dont Rautavaara – à l’instar de Messiaen – est très, très friand. On ne peut que rester pantois devant le merveilleux mouvement lent, d’une douloureuse nostalgie très bartókienne, que même l’énergie du troisième et dernier mouvement ne réussit pas entièrement à effacer. C’est sans doute là le compositeur à son plus haut niveau d’imagination et de génie. De 1999 aussi, on entend ensuite Autumn Gardens pour orchestre, ici dirigé par le même Ahskenazy, une œuvre d’une certaine austérité brillante très nordique, que n’aurait pas reniée un Nielsen, et qui avec le dernier mouvement – Giocose e leggiero – revient sans nul doute à Sibelius. Sibelius qui offrit quand même une bourse au jeune Rautavaara pour aller étudier aux Etats-Unis en 1955, preuve d’une évidente admiration du vieux maître pour la relève de son pays. L’album se referme sans musique mais en anglais, avec un petit quart d’heure d’entretien entre le compositeur et Ashkenazy. Très, très intéressant, le compositeur expliquant comment il s’est accommodé du cahier des charges qu’était l’obligation d’écrire un concerto qui se dirigerait du piano – donc sans trop de difficultés rythmiques pour l’orchestre, sans pour autant trop simplifier le langage. © SM/Qobuz