Les Noces Royales de Louis XIV

Vincent Dumestre

Paru le 27/05/2022 chez Château de Versailles Spectacles
Artistes principaux : Vincent Dumestre Le Poème Harmonique Chœur de la Compagne La Tempête Simon-Pierre Bestion
Genre : Classique

Livret numérique

Disponible en

24-Bit/96 kHz Stereo

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Le 9 juin 1660, le mariage du roi de France Louis XIV et de l’infante d’Espagne Marie-Thérèse d’Autriche est l’occasion d’une fête sans précédent. Scellant définitivement la paix entre deux monarchies catholiques opposées depuis des siècles, il voit le jeune monarque de 21 ans entreprendre un voyage de treize mois pour traverser et découvrir son royaume – un tour de France de 3 200 kilomètres, accomplis en 95 étapes, impliquant 15 000 personnes et 8 000 chevaux, pour aboutir à une cérémonie célébrée en grande pompe dans la ville basque de Saint-Jean-de-Luz, près de la frontière espagnole.

Lorsque les jeunes mariés font leur entrée à Paris, les plus beaux extraits de l’opéra Xerxès de Cavalli sont joués en leur honneur au Louvre, en plus de ballets de Lully. La musique est à l’honneur tout au long des festivités, et de grands artistes (ainsi que des orchestres et les trompettes du roi) accompagnent Louis dans son voyage – dont le célèbre joueur de viole Nicolas Hotman, que le souverain aurait écouté attentivement pendant deux heures à Saint-Jean-de-Luz. En d’autres termes, il s’agissait d’une entreprise musicale de grande ampleur mêlant différents genres et instruments, dont la splendeur époustouflante ne tint pas compte de la dépense. Mais aussi d’une entreprise dont de nombreux détails se sont perdus au fil du temps. Ainsi, si nous savons par exemple que la « délégation royale » s’est rendue à l’église « accompagnée de fanfares de trompettes », impossible de déterminer lesquelles.

Mais si l’on regrette de ne pas en savoir plus, Vincent Dumestre nous offre un véritable festin sonore en créant sa propre et somptueuse version de ce qui aurait pu se passer, nous entraînant dans une odyssée musicale qui commence à la porte de l’église avec les Sonneries pour les trompettes du Roi de Lully, joyeuse union de souffleurs royaux, d’orgue, de bois et de tambours rendue avec une élégante puissance par les membres du Poème harmonique. Nous assistons à l’entrée des délégations, inaugurée par un Prélude de Louis Couperin avant de passer aux notes prévues par Lully pour la procession de chaque maison – l’étincelant numéro des Espagnols s’avère particulièrement accrocheur. Le mariage se poursuit sur une musique d’orgue de Guillaume-Gabriel Nivers (1632-1714). Après quoi vient le Jubilate Deo de Lully, vibrant « motet pour la paix » chanté avec une remarquable dévotion – le chef peut en effet compter sur une belle brochette de solistes vocaux, dont Ana Quintans, Victoire Bunel, David Tricou, Serge Goubioud, Virgile Ancely...

L’espace alloué à ce compte-rendu étant limité, je ne retiendrai que deux autres moments remarquables. D’abord, la présence au programme de Jean Veillot (1600-1662), sous-maître de la Chapelle Royale connu pour avoir été l’un des compositeurs impliqués dans les célébrations musicales de l’accord de paix. Accueilli avec enthousiasme lorsqu’il fut interprété à Paris en 1660, son Te Deum est perdu, mais Dumestre nous en offre l’une des rares œuvres qui nous soient parvenues : le motet O filii e filiae, d’une gaieté exubérante, interprété de manière stupéfiante.

Le chef complète le programme avec l’extrait d’un opéra dont nous savons juste qu’il fut créé à l’occasion de ces festivités, et la première trace d’une pièce entièrement chantée en espagnol : Celos aun del aire matan de Juan Hidalgo (1614-1685), créé à Madrid en décembre 1660. Bien qu’il puisse s’agir d’une émulation de ce que la cour française faisait avec l’opéra italien, les castagnettes et les rythmes décalés du joyeux Dos zagalas venian ne laissent planer aucun doute quant à ses origines. C’est aussi un fabuleux point d’orgue, avec des voix solistes qui chantent, parlent et rient, un chœur au rythme endiablé, et un accompagnement de théorbe avec des interjections de cuivres dansantes.

Je me répète : ce disque est un festin musical. Chaudement recommandé. © Charlotte Gardner/Qobuz

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Les Noces Royales de Louis XIV

Vincent Dumestre

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Sonneries pour les trompettes du Roi