Confield

Chronique

Après la discrète éclaircie de LP5 et l’electro fracturée de EP7, Confield, le septième album du duo, est leur réalisation la plus froide de la carrière du duo de Sheffield. Les bribes de mélodie se font encore plus rares et laissent place à un travail exigeant sur les textures des sons. Depuis plusieurs années, Autechre travaille sur des logiciels d’environnement musical, dont ils extraient des compositions « graphiques » et mathématiques. Cette « spatialisation » du son donne lieu à une musique très conceptuelle, presque désincarnée. Ce n’est qu’après une écoute attentive et concentrée que l’auditeur parvient à circuler dans ce dédale de titres qui évoquent des sculptures sonores du troisième type.

« VI Scose Poise » reprend la technique du « bouncing affect » présente sur « Drane2 » (le dernier titre de LP5), où les sons et les notes rebondissent à l’instar d’une balle de ping-pong numérique. Contrairement au disque précité, l’effet est ici systématisé avant qu’une douce nappe vienne apporter un peu de chaleur à l’ensemble. On trouve encore un semblant de repères mélodiques dans le plus relaxant « Cfern », titre le moins hermétique de l’album.

Puis au fur et à mesure, les mélodies se font plus rares, prises de court par des beats changeants et diverses déflagrations sonores. L’electro déconstruite de « Pen Expers » vrille littéralement les oreilles tandis que « Sim Gishel », amalgame sons cassants et ondes radio en charpie. Le sinistre « Bine » cauchemar d’abstraction, noue des breakbeats explosés à des sonorités glauques dignes d’un film d’angoisse. Les audacieux « Parhelic Triangle » et « Lentic Catachresis » explosent toute notion d’harmonie « classique » pour créer un puzzle glaçant et désolé où l’on se perd.

Confield est un album difficile, le plus abstrait et cérébral de la discographie d’Autechre. Son opacité, sa complexité en font l’œuvre la plus énigmatique du groupe montrant une fois de plus leur capacité à repousser sans cesse ses limites.



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