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Hans Werner Henze

Difficile, en quelques mots, de cerner une personnalité aussi riche, prolixe et diverse que celle du compositeur Hans Werner Henze, acteur essentiel de la musique allemande d'après guerre, mort le 27 octobre 2012 à l'âge de 86 ans. Car si c'est bien la figure du compositeur qui émerge, il y a aussi celle du musicien complet qu'il fut, professeur, chef-d'orchestre, organisateur de festivals, découvreur de jeunes talents et théoricien, puis celle de l'homme engagé en politique et dans sa vie privée.


Incorporé malgré lui dans la Wehrmacht alors que la guerre touche à sa fin (son père l'aurait volontiers envoyé en camp de concentration pour homosexualité), il travaille d'abord sous la contrainte dans les services de propagande nazie, puis est envoyé pendant une année sur le front russe. Il gardera toute sa vie une haine viscérale pour le nazisme et deviendra rapidement un militant d'extrême gauche. Attiré très jeune par l'Italie, qu'il considère comme mère de tous les arts, depuis l'Antiquité jusqu'à nous, il s'y installe en 1953, adhérant aussitôt au Parti communiste italien et en vivant sa vie sentimentale au grand jour. Sa musique reflètera souvent ses prises de position sur les évènements marquants du siècle, du nazisme à Mai 68 en passant par la révolution cubaine qu'il soutient avec vigueur.


Influencé par Stravinsky au début de sa carrière, il prend vite ses distances avec le dodécaphonisme des formalistes de Darmstadt, se forgeant un langage assez conservateur qui flirte avec la tonalité et le sérialisme expressif d'un Alban Berg. Son lyrisme naturel le pousse à écrire des opéras dont les livrets sont soigneusement choisis par cet amoureux de la littérature.


Il laisse un catalogue abondant avec dix symphonies (on a pu les entendre intégralement au cours du Festival Présences en 2003) dont la monumentale Neuvième, pour chœur et orchestre, dédiée "aux héros et aux martyrs de l'antifascisme allemand". De la musique de chambre, des lieder et aussi de la musique pour les films d'Alain Resnais (L'Amour à mort) ou de Volker Schlöndorff (Un Amour de Swann). En 1968, il provoque un beau scandale à Hambourg avec son oratorio "vulgaire et militaire", Le Radeau de la Méduse qui est une sorte de Requiem avoué à Che Guevara. L'année suivante, il compose Essai sur les cochons, une cantate pour baryton et orchestre et dirige, à La Havane, la création de sa Symphonie n°6.


Sa production la plus connue reste actuellement ses opéras dans lesquels Henze rend hommage de façon chaque fois différente au passé. Citons Boulevard solitude, adaptation moderne de l'histoire de Manon Lescaut, Le Prince de Hombourg, version très chambriste du chef-d'œuvre de Kleist, Elégie pour de jeunes amants, écrit de manière cinématographique en 34 scènes, reprenant le thème connu de la création théâtrale avec toutes ses compromissions et ses bassesses, Le Jeune Lord, comédie brillante où la caricature sociale le dispute au lyrisme, les Peines de cœur d'une chatte anglaise d'après le petit roman épistolaire de Balzac qui permet à Henze de s'inspirer de L'Opéra des gueux de Pepusch et Gay. Son dernier ouvrage lyrique, La Huppe et le triomphe de l'amour filial, est un conte initiatique adapté de l'arabe, qui raconte la quête d'un jeune homme dont la vertu brille comme l'étoile du soir.


C'est le Temps qui va impitoyablement faire le tri dans la création de ce compositeur aux multiples facettes dont l'œuvre représente bien les différents aspects de la création musicale européenne de la deuxième partie du siècle dernier. Un grand choix de partitions sont disponibles sur votre Qobuz, mais de nombreuses œuvres, des opéras en particulier, attendent encore d'être enregistrés. © FH/Qobuz

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