Cultural Survival

Chronique

D’origine porto-ricaine, et après des études de psychologie, le saxophoniste ténor (son premier instrument de prédilection fut la conga) David Sanchez s’est frotté aux plus grands noms de sa musique de prédilection (de Paquito D’Rivera à Slide Hampton, en passant par Dizzy Gillespie), avant d’élaborer au quotidien un compromis, dynamique et savant, entre les acquis du be bop et les couleurs afro-cubaines.

Son précédent album, Coral en 2004, offrait de vibrants hommages aux grands compositeurs de musiques tropicales (incluant des pièces d’Antonio Carlos Jobim, ou d’Heitor Villa-Lobos), mais Cultural Survival constitue un nouveau tremplin vers l’aventure et l’exploration.

Riche d’une seule reprise (« Monk’s Mood »), il offre tout d’abord un line-up original, sans piano (à trois titres exceptés), mais où la guitare de Lage Lund prend toute sa place, à parité dans les dialogues avec le leader. Surtout, une pièce majeure illumine l’enregistrement : « La Leyenda del Cañaveral » déroule en une vingtaine de minutes la sanglante épopée des Africains exploités dans les champ de canne à sucre.

Musique politique donc, au sens étymologique du terme, l’inspiration du saxophoniste, se nourrit de sa colère, et affirme sa détresse à la face de l’histoire, comme une mémoire qu’on ne peut plus bâillonner. Entre profondeur, dignité, et combat, David Sanchez s’installe de plein droit au sein de cette génération de musiciens qui, assurés de leurs performances, met leur technique au service du sens. Un indispensable huitième album de musique vivante.



©Copyright Music Story 2021