Suzy Solidor
Suzy Solidor est le nom d'artiste de Suzanne Marion, surnommée « la Madone des matelots » et « la Garçonne », qui a connu plusieurs succès dans les années 1930. Née de père inconnu à Saint-Servan-sur-Mer en Bretagne le 18 décembre 1900, elle grandit dans le quartier de Solidor, d'où elle tient son nom de scène. Après avoir servi de conductrice d'ambulance durant la Première Guerre mondiale, elle s'installe à Paris et vit l'antiquaire Yvonne de Bremond d'Ars, qui l'introduit dans les mondanités parisiennes. Avant de devenir une égérie pour de nombreux artistes, peintres, photographes ou cinéastes dont Man Ray, Pablo Picasso, Raoul Dufy, Maurice de Vlaminck, Kees Van Dongen, Foujita, Francis Bacon ou Jean Cocteau, Suzy Solidor se produit dans le cabaret Le Brummel à Deauville et se constitue un répertoire de chansons de marins et de titres équivoques correspondant au physique androgyne qu'elle cultive. Celle que l'on surnomme « la Garçonne » en raison de sa coupe au carré blonde, attire le Tout-Paris à l'Européen et ouvre en 1933 son propre cabaret, La Vie Parisienne, dans lequel débute Charles Trenet. Ouvertement bisexuelle, elle connaît une aventure avec l'aviateur Jean Mermoz et sert de modèle au roman sulfureux La Garçonne de Victor Marguerite, publié en 1936 et interprète son propre personnage dans l'adaptation filmée par Jean de Limur. Abondamment photographiée et peinte, Suzy Solidor apparaît autant en couverture de magazines de mode que sur des œuvres de maîtres, dont un célèbre tableau signé Tamara de Lempicka, qui la représente nue en 1935. Elle enregistre notamment sur 78-tours les chansons « Obsession » (1933), « La Belle croisière », « Les Filles de Saint-Malo » et l'érotique « Ouvre » (1934), le grand succès « Escale » pour le film homonyme (1935), « Sous tes doigts » (1936), « Mon secret », « Nuit tropicale » et « Si j'étais une cigarette » en 1938, ainsi que des adaptations françaises de « Lili Marleen » et de « Nature Boy ». À l'affiche de l'Opéra de Quat' sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill en 1937, Suzy Solidor apparaît la même année dans le film La Femme du bout du monde de Jean Epstein et écrit quatre romans publiés entre 1939 et 1944. Après l'Occupation et la Seconde Guerre mondiale où il lui est reproché de se produire d'un music-hall à l'autre, la chanteuse part aux États-Unis et revient en 1954 pour l'ouverture de son nouveau cabaret Chez Suzy Solidor, puis se retire sur la Côte d'Azur, à Cagnes-sur-Mer, où elle crée l'établissement Chez Suzy de 1960 à 1967, avant d'ouvrir un magasin d'antiquités. Elle décède dans cette commune le 31 mars 1983 à l'âge de 82 ans.
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