Armin Jordan
Rares sont les chefs d’orchestre qui sont à ce point unanimement appréciés des musiciens d’orchestre, des solistes et du public. Anti-star absolue, Armin Jordan n’avait pas d’agent artistique et trimbalait partout son agenda, ses affaires et ses billets de banque dans son légendaire sac en plastique qui ne le quittait jamais. L’homme était drôle, sympathique, jamais avare d’un bon mot, gourmand, grand fumeur et buveur impénitent. Son sens de l’humour, noir quelquefois, était dévastateur. Au-delà de l’anecdote, Jordan était avant tout un chef soucieux du travail bien fait, dans un climat amical qui n’excluait nullement un grand professionnalisme. De nationalité suisse, il était issu d’un canton francophone pas sa mère (Fribourg) et d’un autre germanophone (Bâle) par son père ce qui lui a donné d’emblée deux cultures et une grande ouverture d’esprit. « Comme Wagner », disait-il, « j’ai une esthétique germanique mais une violente attirance pour le sud. »
Chef de fosse et de concert à parts égales, il était passionné par les musiques fortement expressives, voire décadentes (Mahler, Zemlinsky, Chausson, dont il enregistre trois fois le Poème de l’amour et de la mer et Chostakovitch qu’il dirigeait de plus en plus à la fin de sa vie) et excellait dans le répertoire wagnérien. Une Tétralogie (raccourcie pour cause de maladie) à Seattle, un Tristan légendaire monté pour lui à Genève dans une somptueuse mise en scène d’Olivier Py, un enregistrement de studio de Parsifal pour servir de bande son au film de Hans-Jürgen Syberberg, dans lequel le chef faisait d’ailleurs ses débuts comme acteur dans le rôle d’Amfortas doublé par le baryton allemand Wolfgang Schöne, et de nombreux opéras dirigés à Bâle, Zurich et Genève l’ont consacré dans ce répertoire, mais de manière atypique, grâce à sa conception fluide et souple du drame wagnérien qui conjugue l’âme allemande et la clarté latine. Sa santé de plus en plus chancelante l’a obligé d’annuler ses débuts au Met de New York prévus en 2001 pour diriger Cosi fan tutte.
Estimant qu’il fallait 50% de psychologie et le reste de musicalité pour faire un bon chef, Armin Jordan a accompli une carrière qui s’est surtout partagée entre la France et la Suisse, renonçant souvent à des invitations prestigieuses dont il ne voyait nullement l’intérêt artistique. « J’irai diriger la Philharmonie de Berlin quand ils me demanderont de jouer du Chabrier » disait-il souvent en riant. Sa modestie légendaire a probablement freiné une carrière qui aurait pu prendre un envol vraiment mondial, car la direction de Jordan reposait avant tout sur l’instinct et sur l’expression. Ses interprétations, baignées de sensualité orchestrale, étaient d’une grande exigence stylistique et son charisme lui permettait d’obtenir ce qu’il voulait des musiciens qu’il dirigeait.
Il nous reste aujourd’hui de nombreux enregistrements réalisés pour divers labels avec des œuvres rares qu’il aimait tant redécouvrir, comme Le Roi Arthus de Chausson, Les Béatitudes de Franck, Une Tragédie Florentine et la Symphonie Lyrique de Zemlinsky ou Königkinder de Humperdinck. Il laisse aussi de très beaux enregistrements d’œuvres de Debussy et Ravel dont il était un interprète raffiné et une splendide version de Pelléas et Mélisande, dans une distribution entièrement francophone avec un Eric Tappy radieux dans le rôle titre. Adorant accompagner les chanteurs, on lui doit aussi des enregistrements passionnants avec Felicity Lott (La Voix humaine de Poulenc, des mélodies de Maurice Delage), Jessye Norman (Poème de l’amour et de la mer de Chausson) ou Françoise Pollet (Les Nuits d’été de Berlioz). Armin Jordan a été le chef permanent de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, de l’Ensemble Orchestral de Paris et de l’Orchestre de la Suisse Romande, devenant ainsi un des dignes successeurs d’Ernest Ansermet pour lequel il éprouvait une immense admiration. Ses collaborations avec les orchestres de Radio France et celui de Monte-Carlo laissent aussi de belles traces discographiques.
© FH – décembre 2017 /Qobuz
-
Armin Jordan conducts Debussy, Roussel & Chausson (Live)
Felicity Lott, Armin Jordan, Ernest Ansermet, Orchestre de la Suisse Romande
Classique - Paru chez audite Musikproduktion le 4 sept. 2020
24-Bit 48.0 kHz - Stereo -
Fauré: Pelléas et Mélisande, Masques et bergamasques, Pavane & Ballade pour piano et orchestre
Classique - Paru chez Warner Classics le 19 avr. 2019
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Saint-Saëns: Concerto pour violoncelle No. 1 - Tchaikovsky: Variations sur un thème rococo - Fauré: Élégie
Frédéric Lodéon, Orchestre Philharmonique de Monté-Carlo, Armin Jordan
Classique - Paru chez Warner Classics le 14 janv. 2022
24-Bit 192.0 kHz - Stereo -
Mozart: Piano Concerto No. 23 in A Major K. 488 (Live Recording, Lausanne 1978)
Michael Studer, Orchestre De Chambre De Lausanne, Armin Jordan
Musique concertante - Paru chez Claves Records le 1 mai 2020
24-Bit 88.2 kHz - Stereo -
Bloch: Schelomo, B. 39 - Dutilleux: Tout un monde lointain - Hommage à Armin Jordan
François Guye, Ernest Ansermet, Orchestre de la Suisse Romande, Armin Jordan
Classique - Paru chez Cascavelle le 9 août 2021
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Debussy: La boîte à joujoux, 6 Épigraphes antiques & Sarabande (Orch. Caplet, Ansermet & Ravel)
Classique - Paru chez Warner Classics le 12 févr. 2021
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Schubert: Mass No. 6 in E-Flat Major, D. 950
Choeur Pro Arte de Lausanne, Ernest Ansermet, Orchestre de la Suisse Romande, Armin Jordan
Classique - Paru chez Cascavelle le 1 janv. 1996
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Chausson : Symphony & Viviane
Classique - Paru chez Warner Classics International le 1 mars 1986
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Mahler : Symphony No.4 (- Apex)
Classique - Paru chez Warner Classics International le 1 janv. 1991
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Paul Dukas : L' Apprenti sorcier, La Péri, Symphonie en ut (- Apex)
Musique symphonique - Paru chez Warner Classics International le 13 nov. 2020
Discothèque Idéale Qobuz16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Frank Martin: Petite symphonie Concertante - Six Monologues from Everyman - Concerto pour sept instruments à vents
Ernest Ansermet, Orchestre de la Suisse Romande, Armin Jordan
Classique - Paru chez Cascavelle le 24 juil. 2000
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Debussy: Pelléas et Mélisande
Classique - Paru chez Warner Classics le 6 avr. 2010
Discothèque Idéale Qobuz16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Wagner : Parsifal
Opéra - Paru chez Warner Classics International le 1 janv. 1982
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Richard Strauss: Don Quixote & Selected Songs
Ernest Ansermet, Orchestre de la Suisse Romande, Armin Jordan, Felicity Lott
Classique - Paru chez Mediaphon le 11 mai 2018
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Rimsky-Korsakov: Sheherazade, Op. 35
Classique - Paru chez Warner Classics le 1 janv. 1995
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Martin : Petite symphonie concertante, 6 Monologues & Concerto for 7 Wind Instruments (- Apex)
Classique - Paru chez Warner Classics International le 1 oct. 1991
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Chausson: Poème - Lekeu: Fantaisie symphonique sur deux airs populaires angevins & Adagio pour quatuor d'orchestre - Rabaud: La procession nocturne
Classique - Paru chez Warner Classics le 1 juil. 2022
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Ravel: Boléro, La valse, Ma mère l'Oye & Concerto pour piano en Sol
Classique - Paru chez Warner Classics International le 1 mars 2011
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
De Leerling tovenaar
Classique - Paru chez Warner Music Group - X5 Music Group le 13 nov. 2020
Discothèque Idéale Qobuz16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
Humperdinck : Königskinder
Classique - Paru chez Universal Music Division Decca Records France le 1 janv. 2006
16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo -
L’Apprenti Sorcier
Classique - Paru chez Warner Music Group - X5 Music Group le 13 nov. 2020
Discothèque Idéale Qobuz16-Bit CD Quality 44.1 kHz - Stereo