Sweet Evil Sun

Chronique

Si Candlemass a toujours été, à juste titre, considéré comme le créateur du doom metal épique avec le séminal Epicus Doomicus Metallicus (1986), il a depuis une vingtaine d’années intégré quelques influences extérieures à sa tambouille (ahlala, ce stoner qui s’immisce partout !). Le retour en 2018 du chanteur originel du combo, Johan Längquist, laissait espérer un retour aux compos désespérées et pachydermiques des débuts, mais le groupe a continué de tracer sa voie en mâtinant son doom de sonorités parfois plus légères. Toutes proportions gardées, bien sûr, puisque le combo suédois est toujours dépositaire de l’héritage de Black Sabbath, prégnant dans ses riffs, et que l’excès de vitesse ne fait définitivement pas partie de ses prérogatives.

Sweet Evil Sun souffle le chaud et le froid avec une très large moitié de titres qui font honneur à la réputation du groupe, certains moins marquants, mais surtout une production qui demande un temps d’adaptation. Moins ancrée dans les basses qu’à l’accoutumée, elle étonne à la première écoute. Candlemass va-t-il parvenir à être aussi lourd qu’on le souhaite avec ce son qui semble de prime abord bien trop léger ? La réponse, heureusement, est oui. D’une part car l’oreille s’habitue vite, et d’autre part car la teneur en gras de l’ensemble rachète ce petit pas de deux. S’il n’a pas l’aura ni l’emphase dramatique de Messiah Marcolin (chanteur du groupe sur plusieurs albums majeurs, dont l’incontournable Nightfall de 1987), Länquist se donne ici parfois de faux airs de Ronnie James Dio dans ses gueulantes (Black Butterfly) et ne renâcle pas à aller sérieusement au charbon. Les riffs « très Iommi » écrits par l’éminence grise du combo, le bassiste Leif Edling, se chargent de faire le reste du job, et le font bien.

Dans l’absolu, Sweet Evil Sun est un très bon disque, il n’y a aucun doute sur ce point. Il souffre juste de la comparaison avec une discographie méchamment fournie en albums essentiels. « Le grand choc » ne sera pas pour cette fois, mais certains titres (Sweet Evil Sun, When Death Sighs, Crucified, Goddess) ne dépareraient pas sur un best of retraçant l’histoire du groupe. C’est largement suffisant pour estimer le contrat rempli. © Charlélie Arnaud/Qobuz