Endless Arcade

Chronique

Paru fin 1991, Bandwagonesque est l’un des albums de rock les plus importants des années 90. En plein tsunami grunge, Teenage Fanclub en proposait une version plus pop, comme habitée par les fantômes de Big Star et des Byrds, et toujours brillante niveau harmonies. Son prédécesseur, A Catholic Education sorti un an plus tôt, montrait même que les Fannies savaient faire exploser leurs amplis en jonglant avec leurs nombreuses pédales d’effets. Par la suite, les Écossais originaires de Bellshill au sud de Glasgow retournaient régulièrement en studio pour graver d’impeccables pop songs, gorgées de guitares claires… Cette fois pourtant, l’un des membres du canal historique, Gerard Love, a quitté le navire, laissant la paire Norman Blake/Raymond McGinley gérer seuls l’écriture. Désormais tous quinquagénaires, les Fannies se sont un peu assagis sans pour autant faire dans le rock pastoral. Les guitares sont certes moins mordantes, mais la finesse des mélodies comme la justesse des textes sont inamovibles. En pleine tempête conjugale, Blake a même insufflé à ses chansons de l’introspectif bien dosé. Drapé dans la sagesse de l’âge et la nostalgie de moments perdus et d’amours déçus, Endless Arcade alterne entre le mélancolique et le solaire. Tout paraît simple, mais de petits détails instrumentaux viennent enrichir ça-et-là les douze miniatures de ce disque qui deviennent un peu plus attachantes à chaque nouvelle écoute. Une belle cuvée 2021 qui se fiche de l’ère du temps et se concentre sur le seul Graal qui obsède Teenage Fanclub depuis toujours : les chansons. © Marc Zisman/Qobuz