Chunga's Revenge

Chronique

Chunga’s Revenge n’est pas considéré comme un album majeur de Frank Zappa, mais possède tout de même une belle collection de morceaux, et impressionne toujours quant à la maîtrise de son auteur et des musiciens qui l’accompagnent alors. C'est son troisième album, sorti fin 1970. C’est aussi le premier a comprendre les membres de feu les Turtles, Flo & Eddie. Il s’éloigne également du côté politique et satirique des enregistrements précédents réalisés avec les Mothers of Invention, et du style jazz fusion de Hot Rats sorti un an plus tôt. Eclectisme étant le maitre mot de l’oeuvre de Zappa, on reste dans le mélange des genres et des styles. Après une longue jam de guitare, Transylvania Boogie, aux tonalités abrasives comme on les trouve très souvent dans le jazz fusion, on passe à un blues assez classique, Road Ladies, puis une pointe de muzak, musique d’ambiance pour cocktail avec Twenty Small Cigars, avant d’embarquer pour le plat de résistance, The Nancy & Mary Music, longue chevauchée expérimentale joyeusement et malicieusement foutraque de près de dix minutes… Suivent ensuite des morceaux plus courts, plus simples, tel le rock Tell Me You Love Me introduisant une mélodie de guitare que l’on retrouvera les années suivantes sur les titres Bwana Dik et Daddy, Daddy, Daddy (ce dernier sur l’album 200 Motels). Autres envolées de guitare en roue libre, Chunga’s Revenge est une improvisation plutôt inspirée donnant son titre à l’album. Pour l’anecdote, on retrouve d’ailleurs bien plus tard, en 2001, une version de ce dernier morceau sur le premier album du groupe franco-argentin Gotan Project, La Revancha del Tango. Bref, ce Chunga’s Revenge réserve quelques belles surprises et n’a pas perdu sa pertinence depuis sa création. © Yan Céh/Qobuz